Solidarité n Cette association humanitaire, dont la majorité sont des donateurs et bénévoles sont des Algériens, distribue aux nécessiteux près de mille repas quotidiennement sans distinction de race ni de religion. Une heure avant l'ouverture, la queue s'allonge des deux côtés du portail du chapiteau installé à la rue de l'Ourc au 19e Arrondissement. On y de toutes les couleurs et de toutes les nationalités, des afghans, africains, français, arabes, asiatiques, tous là animés par le besoin de manger. «On ne regarde pas la nationalité, la confession des gens...», fera remarquer Hasni Ali, président de l'association «Chorba pour tous». «On reçoit tout le monde sans exception», poursuit-t-il, tout en donnant les dernières directives à la trentaine de bénévoles qui se hâtent pour préparer les tables et les colis. Une équipe se charge de disposer les plateaux avec le menu sur les tables, une autre se charge des colis. A 19h, «on commence à distribuer des plats à emporter aux personnes qui veulent manger à la maison. On n'ouvre la salle qu'à partir de 20h à ceux qui consomment sur place», indique-t-il en spécifiant que plus de mille plats sont servis quotidiennement. Avec la crise, le cercle des nécessiteux s'est élargi, et ne concerne pas seulement «les marginaux, les sans-papiers» «Désormais, on reçoit des gens qui travaillent et qui n'arrivent plus à faire face au quotidien. Ils arrivent en famille», nous annonce M. Hasni. Vérité qu'on constate sur place dans cette salle étalée sur près de mille mètres carrés, et qui contient plusieurs dizaines de tables dont un espace réservé aux familles. «Comme on reçoit un peu de tout, pour éviter des tensions, on place les familles devant», explique Mounir, au chômage, bénévole qui signale préférer «se rendre utile aux autres en ce mois de ramadan». Les gens commencent à avancer par petits groupes, prennent leurs colis et s'en vont. A l'heure de l'Iftar, l'activité s'accélère et la salle est pleine assez vite. Nombreux sont ceux à attendre dehors qu'une place se libère. Les bénévoles, eux, ont juste le temps de casser le jeûne avec quelques dattes et un bol de lait, remettant la prise d'un repas complet à plus tard.Ils sont alors vite pris dans le tourbillon ; se chargent de placer les personnes, veillent que chacun reçoive son menu au complet, Préparent les autres plateaux, essuient les tables... En cuisine, Réda veille au grain «Ma grande satisfaction est de voir toute la nourriture consommée», confie-t-il, avec un grand sourire. Un sentiment que partage Gabriel Chritien, bénévole depuis 1996, et qui dira : «On ignore la pub. C'est l'humanisme qui compte.» Ce constat se vérifie à travers le contact simple et direct qu'entretiennent les bénévoles avec les nécessiteux. «Depuis vingt ans qu'on existe sur le terrain, tout au long de l'année, on a trois camions qui distribuent la chorba dans les gares de Stalingrad, à Barbes et à la gare de l'Est. «On connaît du monde, précise Khaoula, étudiante, préparant une thèse d'anthropologie culturelle. «En plus du bénévolat proprement dit, c'est un terrain d'études pour moi», annonce-t-elle. Enfin, le président a tenu à remercier particulièrement les donateurs, «des gens anonymes, des employés, commerçants qui font régulièrement des dons, surtout en ce mois sacré du ramadan.»