l Ces chiffres viennent du ministre de la Santé lui-même : sur 73 500 équipements, 10 000 sont immobilisés, 5 200 en panne, 2 200 montés mais non opérationnels et 3 000 encore sous emballage. Un équipement acheté 5 milliards de centimes est toujours sous emballage depuis… 3 ans ! Voilà des preuves de la gabegie criminelle qui caractérise la gestion de nos hôpitaux. Sur les 73 500 équipements médicaux que comptent les établissements de santé au niveau national 10 000 sont immobilisés, 5 200 en panne alors que 2 200 sont montés mais non opérationnels. Une situation déplorable révélée hier lundi par Djamel Ould Abbès lors d'une visite à l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) Salim-Zmirli, à El Harrach. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a signalé, à cette occasion, l'existence de 3 000 équipements médicaux, toujours sous emballage. Il citera, à titre illustratif, une machine achetée à 5 milliards de centimes, il y a trois ans, et qui n'a, fait surprenant, jamais été utilisée depuis. «Demain mardi, je me rends dans une wilaya où l'on a signalé un équipement acheté pour 5 milliards de centimes, il y a 3 ans de cela, et qui est toujours sous emballage», a-t-il indiqué. La wilaya de Annaba est celle où devra se rendre le ministre Ould Abbès aujourd'hui dans le cadre de ses visites de travail et d'inspection. Autant de révélations qui confirment l'angoisse, le calvaire et le parcours du combattant de tous les malades qui se font examiner dans les hôpitaux publics. Pénalisés, ils sont nombreux à se rabattre sur le privé pour effectuer leurs examens au prix fort. Ces chiffres font ressortir également l'autre maillon faible du secteur : l'entretien et la maintenance du matériel médical dans nos structures hospitalières. Un problème qui se pose avec acuité. Le personnel médical parle de manque de techniciens spécialisés dans l'entretien de ces machines, voire leur utilisation. Ce problème a été à maintes reprises évoqué par les spécialistes exerçant dans le secteur. Résultat : des équipements importés à des sommes faramineuses sont en panne ou croupissent dans leur emballage pour une durée illimitée. Autre fait révélé dans le sillage de ce feuilleton dramatique : on apprend que ces responsables sans scrupules ont acheté au prix du neuf des équipements déficients. Les hôpitaux demeurent ainsi entachés par cette image de structures sous équipées et mal accueillantes. Pour remédier à cette situation, le prédécesseur de Djamel Ould Abbès avait préconisé d'«équiper les structures publiques pour que le citoyen ne soit pas jeté en pâture au privé». Pourtant, nos hôpitaux ne semblent pas pour autant souffrir du manque d'équipements. Plutôt d'une gestion responsable du matériel de santé existant en qualité et en quantité. Enfin, en attendant les décisions du nouveau ministre quant à ce dysfonctionnement, le malade continue à subir les conséquences d'une politique de santé peu efficace.