Réaction «Nous sommes tous des Américains», entendait-on partout à travers le monde au lendemain du 11 septembre. «Nous sommes tous des Espagnols», scande-t-on depuis jeudi. Le monde est sous le choc. Inhumaine, aveugle, la main du terrorisme a encore frappé semant la désolation le deuil et? la colère. Celle-ci est d?autant plus grande que les morts sont, cette fois, des Européens. Sans cynisme aucun, un minimum de décence et de respect pour toutes ces victimes civiles innocentes interdisant le moindre sarcasme, force est de relever que jamais un massacre de population n?a suscité autant d?indignation, d?émotion et de colère à travers la planète?. sauf les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, la superpuissance qui prenait rendez-vous pour la première fois de son histoire avec l?ignominie du terrorisme. Ahuris, les Algériens découvraient alors ce que pouvait être un élan planétaire, un sursaut de conscience de l?humanité qui se dressait comme un seul homme contre un fléau dont eux subissaient les atrocités depuis des années en silence et dans la solitude la plus absolue, car cette même communauté, qui se découvrait soudain des vertus de solidarité et d?altruisme, les avait isolés et enfermés «pour qu?ils continuent à s?entre-tuer». Qu?il s?appelle Al-Qaîda ou l?ETA, le terrorisme n?a qu?un seul visage celui de la haine et de la destruction. L?Occident, qui en fait aujourd?hui l?amère expérience, a largement contribué à sa fabrication. Toute la tristesse induite par le carnage de Madrid ou celui de New York ne doit pas le faire oublier. Qu?elle frappe en Orient ou en Occident, la bête immonde laisse derrière elle les mêmes images de sang, de corps déchiquetés et de cadavres calcinés. Dans cet état, les êtres humains sont égaux qu?ils soient Algériens, Américains ou Espagnols. Pourtant, aucune bougie n?a été allumée en hommage aux bébés et aux femmes massacrés de Raïs et de Bentalha? ou ailleurs dans cette Algérie déchiquetée. Personne n?a pris la parole à une quelconque tribune à travers le monde pour demander une minute de silence à la mémoire des milliers d?autres victimes. A Bruxelles, à Londres, à Bonn? et dans toutes les capitales européennes, l?émotion et l?indignation sont à leur comble et la colère à son paroxysme contre le fléau du siècle : le terrorisme. Serait-ce le sursaut salutaire ?