Le monde se remet peu à peu du choc occasionné par les attentats contre le Pentagone et les tours jumelles du World Trade Center et commence à organiser la riposte. Les Américains, toujours traumatisés, continuent de crier vengeance mais veulent aussi frapper fort et diligenter contre celui, ou ceux, ayant participé au carnage du 11 septembre une action foudroyante sans rémission. En vérité, un front mondial contre le terrorisme se met peu à peu en place, autour des Etats-Unis. Concernés à un titre ou à un autre, de nombreux pays occidentaux, arabes et musulmans ont offert leurs services à Washington. Ainsi, une coopération internationale contre le terrorisme prend forme pour éradiquer le fléau de ce début du troisième millénaire. Si un premier résultat du carnage de New York et de Washington peut être dégagé, c'est incontestablement celui de la réelle prise de conscience mondiale de la nocivité d'un terrorisme international auquel, longtemps, la communauté internationale avait laissé la bride sur le cou. Unanime, le monde a condamné les attentats contre les tours jumelles et le Pentagone américains. Attentats que le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, n'a pas hésité à qualifier comme étant «une attaque contre l'humanité et la communauté internationale». Accablé, mais déterminé, le président américain George W.Bush dans sa première déclaration après l'attentat a pris date en affirmant: «Les Américains n'ont pas la distance de l'Histoire, mais notre responsabilité devant l'Histoire est claire: répondre aux attaques pour débarrasser le monde de ce fléau», avant de préciser que «l'heure et les conditions du conflit ont été choisie par d'autres, mais il nous appartient de décider de la manière et de l'heure d'y mettre fin». Les terroristes ont vraiment fait mal en Amérique et les Américains particulièrement, les Occidentaux plus généralement, ont découvert la puissance de nuisance de la nébuleuse terroriste, que l'Occident avait quasiment nourrie en son sein ces dernières années. Faut-il souligner que, longtemps, les Occidentaux ont joué avec le feu, faisant sciemment, ou inconsciemment, le jeu du terrorisme international en pensant pouvoir le manipuler à leur profit? Aussi, aujourd'hui, le mot clé est-il coopération. Une coopération internationale très large est demandée par les principaux pays et soutenue par le secrétaire général des Nations unies lequel, pour sa part, estime que «les gouvernements doivent coopérer pour combattre le terrorisme et traduire les responsables en justice». S'il se dégage une solidarité sans faille avec les Etats-Unis, de la part de la communauté internationale, la manière de mettre un terme au fléau terroriste est loin, en revanche, de faire l'unanimité ou de réunir le consensus. Effectivement, de nombreux Etats sont prêts à coopérer avec Washington - ce que le Pakistan a déjà entrepris en accueillant, hier, une cinquantaine d'experts américains des renseignements - mais la méthode d'action reste encore à trouver. Les attentats contre les Etats-Unis n'ont fait l'objet d'aucune revendication, une semaine après leur perpétration. Aussi, c'est l'expectative même si le président Bush à déjà désigné l'insaisissable terroriste apatride Ben Laden comme le principal suspect. En conséquence, entreprendre des représailles contre qui? Des Etats? Lesquels? Oussama Ben Laden? Il faut encore déterminer le lieu où il se cache. Ce que les Américains qui le recherchent depuis les attentats de Nairobi et Dar es Salaam d'août 1998, n'ont pu encore réaliser. Des frappes aveugles contre des peuples innocents, est-ce la solution? N'est-ce pas aussi dangereux et injuste que les attentats contre lesquels le monde veut se prémunir? Dans un entretien à la chaîne américaine de télévision Fox, le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a ainsi déclaré que «les Etats-Unis n'ont pas d'autre alternative que de se défendre contre les attaques terroristes et de s'attaquer aux pays connus pour être des sanctuaires des organisations terroristes» soulignant que «si les autres Etats ne le font pas, nous sommes contraints d'y mettre nous-mêmes un point final». Evidemment, le responsable américain fait allusion à au moins un Etat: l'Afghanistan - dernier refuge connu de Ben Laden - lorsqu'il parle d'Etats sanctuaires, sans pour autant aller jusqu'à préciser sa pensée. Certes, après ce qui s'est passé dans les deux villes américaines le 11septembre, on peut comprendre que le président Bush assène un définitif: «Nous sommes en guerre» Oui! Mais contre qui? Comme le reconnaissent les experts internationaux, la nébuleuse terroriste - qui durant des années a été couvée, sinon protégée, pour de basses questions d'intérêts stratégiques, commerciaux ou économiques par l'Occident et les Etats-Unis - est une organisation très structurée, cloisonnée et il sera difficile de venir à bout de cette hydre à plusieurs têtes. Des années de recherches seront sans doute nécessaires pour démanteler et détruire la nébuleuse terroriste. C'est dans ce sens que la coopération internationale sera utile et plus efficace. La collaboration de tous les Etats est indispensable pour dresser un état des lieux du fléau terroriste garantissant de pouvoir donner le coup de grâce à cette bête immonde. Il ne faut pas que les peuples musulmans payent pour des terroristes qui ont fait de l'instauration du chaos l'un de leur leitmotiv. Il est patent qu'un front commun mondial contre le terrorisme est essentiel, mais pour cela il ne faut surtout pas se tromper de cible.