A quelques mois de l?entrée en lice sur le marché algérien d?un troisième opérateur de la téléphonie mobile, en l?occurrence Al Watania, un sondage de l?Arpt réalisé fin 2003, laisse entendre que les tarifs d?abonnement sont jugés «très élevés» par les usagers. Ce qui veut dire que les deux traditionnels opérateurs de ce secteur (AT et Djezzy) ne comblent pas encore toutes les attentes de la clientèle algérienne. Pour avoir quelques explications sur le sujet et sur plusieurs autres questions liées aux prix des communications, à la concurrence, aux difficultés qu?ils rencontrent dans le domaine et au rôle de l?Arpt dans la régulation du marché, nous nous sommes entretenus avec M. Hassan Kabbani, le P-DG d?Orascom Télécom Algérie, qui a bien voulu répondre à nos questions. InfoSoir : Après deux années d?existence, quelles appréciations portez-vous sur le bilan d?OTA ? Hassan Kabbani : Deux années dans la vie d?une entreprise c?est peu. Mais avec ce qu?on a réalisé jusqu?à présent je pense que cela est un record dans notre domaine d?activité. Les spécialistes du secteur, au vu de ce qu?on a fait depuis deux années, commencent à parler de modèle d?exemple. Il faut remercier le peuple algérien qui nous a fait confiance et les autorités de télécom qui, tout en jouant leur rôle, nous ont accordé cette 2e licence. C?est une grande opportunité pour nous dans un marché très porteur. D?autant que nous faisons notre travail avec sérieux. Quelles sont les entraves rencontrées en matière de législation et/ou de bureaucratie ? En tant que groupe, Orascom Télécom est un opérateur leader dans la région du Moyen-Orient et de l?Afrique du Nord. Alors lorsqu?on parle de la bureaucratie, de la législation, tout est relatif. Dans notre région, on a eu des projets dans des pays où c?était très difficile. On a ainsi rencontré ailleurs des difficultés plus complexes qu?en Algérie. Cela ne veut pas dire qu?il n?y a pas de difficultés. Mais on sent qu?au niveau des autorités et de l?administration il y a une volonté de toujours trouver des solutions aux problèmes et une compréhension de l?importance de ce projet d?infrastructure et de service de base dont le pays a besoin. Concrètement, quel genre de difficultés avez-vous rencontrées avec les responsables du secteur et les clients algériens ? C?est une grande question parce qu?il y a plusieurs niveaux de difficultés. D?abord, il faut noter que ce projet télécom d?Orascom est le plus grand projet dans le secteur privé en Algérie à ce jour, hormis tout ce qui est hydrocarbures. Ensuite, dans la mentalité de l?Algérien, il y a toujours cette prudence lorsqu?il s?agit du secteur privé. C?est la première difficulté qui a fait qu?il était dur pour nous de se positionner sur le marché, de convaincre le consommateur qu?on est un opérateur international qui peut fournir un service de haute technologie avec les mêmes normes qui existent sur d?autres marchés. D?où notre investissement pas seulement financier, mais aussi au niveau de l?effort et de la communication pour gagner la confiance du client algérien. Avec 1,5 million d?abonnés, et une première place dans le secteur c?est là aussi une grande responsabilité. Il y a enfin d?autres difficultés relatives à la législation qui nécessitent, à mon sens, une mise à niveau. Le déploiement de notre projet (près de 1 000 antennes disséminées à travers le territoire) est aussi une difficulté technique notable. Idem pour la faible pénétration du réseau fixe de télé-densité en Algérie qui nous a poussés à aller dans des lieux où la téléphonie mobile a été connue avant la téléphonie fixe. Sur d?autres aspects, il y a les difficultés inhérentes au foncier (trouver des terrains pour construire sièges, branches et édifices), d?autres relatives au secteur bancaire dont nous sommes très dépendants (paiements, distribution de services) tout cela crée des difficultés. Parmi les doléances des utilisateurs qui ont choisi Djezzy, il y a le volet de la facturation considérée «excessive» sur le postpayé et ce que certains appellent «des anomalies» dans le calcul du coût de la minute de communication sur le prépayé. Quelle est votre explication à ce sujet ? C?est dur d?être dans une situation où on est seul sur un marché. Pourquoi ? Parce que tout simplement il n?y a pas d?effet de comparaison. On est cher par rapport à quoi ? C?est connu sur tous les marchés, le prix de la minute de communication est plus élevé dans l?offre prépayée, car il faut inclure aussi l?abonnement dans la structure du coût de la minute. Par exemple, ce n?est pas la même chose quand on loue un appartement pour 10 ans et une chambre d?hôtel. c?est le même principe entre le prépayé et le postpayé. Par ailleurs, plus le montant de la carte prépayée est élevé, plus le prix de la minute de communication est moins cher. Mais, elle n?est pas plus attractive pour autant. Tout est donc fonction du budget du client. Algérie Télécom est constamment sur vos traces en termes d?offres de produits et Al Watania va bientôt investir le marché. Pensez-vous que vous allez perdre des parts de marché ou au contraire cela va-t-il stimuler la demande de vos produits ? Si nous avions planifié notre projet en nous basant sur un marché assuré à 100%, cela reviendrait à dire qu?on va perdre des parts du marché. Mais dans nos hypothèses de départ, on n?a pas considéré cette hypothèse des 100%. Je pense que dans le marché algérien il y a suffisamment de place pour AT et pour Al Watania. Ce n?est pas par choix qu?on s?est retrouvé dans une situation de monopole, c?est l?absence des autres qui a créé cette situation. Il est évident que la concurrence va générer beaucoup d?activités de communication. Cela stimulera et la demande et notre performance. En outre, on doit faire plus et mieux pour nos abonnés tout en étant comparé avec d?autres opérateurs sur le prix, la qualité du produit, les services, etc. Cela dit, on voudrait se positionner comme l?opérateur préféré des Algériens et on a tous les atouts (savoir-faire et niveau de formation de nos ingénieurs et techniciens, équipements technologiques), pour atteindre cette position et la préserver. Que pensez-vous du rôle joué par l?Arpt ? L?Arpt et le ministère de tutelle jouent leur rôle pour moderniser le secteur et pour trouver le maximum de réponses à des projets qui peuvent développer rapidement le secteur. A ce propos, j?estime qu?il y a beaucoup d?efforts de leur part. Je saisis cette occasion pour saluer l?action de l?Arpt. Selon vous, quelle est l?importance du marché de la téléphonie en Algérie ? Il y a des études qui estiment le marché algérien entre 7 et 10 millions de lignes, et cela, juste en faisant la comparaison avec des marchés similaires. Alors, lorsqu?on évoque ce chiffre on parle d?un taux de pénétration de 25%, ce qui est dans les normes du taux de pénétration mondiale de la téléphonie mobile. Dans les pays scandinaves, ce taux de pénétration atteint les 90% en dépit du fait que la téléphonie fixe y est très performante. Autrement dit, la téléphonie mobile n?est plus un luxe, mais bien une nécessité. La préoccupation essentielle des consommateurs algériens du mobile est la baisse des tarifs de la communication et des produits et services qui lui sont liés. Alors verra-t-on de bonnes surprises pour vos abonnés à court terme ? Jusqu?à présent, on a beaucoup innové avec toutes les «surprises» qu?on a déjà mises sur le marché. Mais il y a toujours des attentes. Pour tout vous dire, il y a encore d?autres nouveautés qui seront mises à la disposition de nos abonnés prochainement. Et, on vous promet que dès qu?on sortira quelque chose, vous serez parmi les premiers journaux à en être informé et à l?annoncer. Le mot de la fin ? Je vous donne rendez-vous pour le deux millionième abonné qui, espérons-le, sera bientôt fêté.