Appréciation L?ouverture tous azimuts du secteur de la téléphonie n?a pas encore laissé entrevoir les tendances lourdes du marché. Que pense l?Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt) de toutes ces mutations ? Et, vers quoi tendent ses projections et analyses quant à l?évolution du secteur de la téléphonie en Algérie tous segments confondus ? Pour M. Gaceb, directeur général de cette institution qui agit en tant qu?«arbitre», sinon «juge» dans le domaine, il y a eu d?abord «changement du monopole qui était assuré par le ministère des P et T par un autre privé, notamment dans la téléphonie mobile». «Il y avait certes, deux opérateurs, mais un seul (Orascom-Télécom) avait une offre». «AT n?avait pas d?offre, mis à part, son projet de 500 0000 lignes, réseau qui n?a pas été mis en place cependant au moment de l?arrivée d?Orascom». Aujourd?hui, l?annonce de l?offre de Mobililis, théoriquement mise en place depuis le 3 de ce mois, va créer un début d?équilibre entre les deux opérateurs, et selon le responsable de l?Arpt, cela ajoutera «un autre élément de choix» pour le consommateur du téléphone mobile en termes de qualité de services et de prix. Sommes-nous alors dans un véritable état de concurrence commerciale ? Aux dires de M. Gaceb, «l?expérience à travers le monde a montré qu?avec deux opérateurs on n?atteint pas le niveau de concurrence souhaité. Ce dernier ne peut être réalisé qu?avec trois opérateurs et plus, en fonction du volume du marché». Avec l?arrivée en juillet prochain du troisième opérateur, le Koweïtien Al Watania Télécom Algérie, «il y aura une concurrence telle que nous l?attendions.» Pourra-t-on alors parler de boom dans le secteur et de guerre commerciale entre opérateurs. Ce n?est pas certain, même s?il va y avoir un excédent dans l?offre formulée. Quant à la grande question des appels internationaux par IP au moyen de cartes prépayées notre interlocuteur dira que «la voix par IP est sujette à réglementation, notamment le décret 01/123 qui classe les services dans les régimes juridiques». «La voix sur IP est ainsi soumise au régime de la licence, elle-même soumise à un appel d?offres national et international, et qui est attribuée au plus offrant, comme pour une licence GSM.» De plus, selon M. Gaceb, «le conseil de l?Arpt a décidé l?octroi des autorisations à titre d?essais et d?actions expérimentales seulement.» La technologie de faire passer la voix à travers Internet étant nouvelle, «il s?agissait de donner et de booster cette technique et permettre ainsi à nos ISP et aux providers d?être présents, de maîtriser cette technologie lorsqu?on ouvrira le secteur», ajoute-t-il. L?esprit n?est donc pas commercial. D?abord purement expérimentales et limitées dans le temps, ces autorisations sont valables pour une période de 3 mois à l?issue de laquelle les ISP qui en ont bénéficié devraient remettre un rapport qui sera examiné par les techniciens de l?Arpt. Autrement dit, parmi les 24 bénéficiaires de ces autorisations expérimentales, ceux qui seront en infraction avec la loi (art. 121 de la loi 2000/03 du 05 août 2000) pourraient avoir affaire à la police de la poste et des télécommunications. Ce qui est sûr, en revanche, c?est que l?Arpt est en train de travailler pour déclasser la voix sur IP du régime de la licence vers celui de l?autorisation. Enfin, dans le cadre du processus d?ouverture tous azimuts du secteur de la téléphonie et des télécommunication à la concurrence, l?Autorité de régulation vient de lancer deux licences d?exploitation de réseaux publics de téléphonie fixe interurbaine et internationale. Cela obéit au planning d?ouverture progressive des segments des télécommunications qui a été arrêté dans la Déclaration de politique sectorielle (DPS). A l?heure actuelle, on arrive à deux opérations : la première concerne l?international et longue distance (interurbain) et la seconde est relative aux Sat (communication par satellite de type Vsat pour téléphone satellitaire). Reste le grand dossier de la «boucle locale» dont l?appel d?offres sera lancé prochainement. Ce segment touche à l?abonné lui-même à l?échelle d?une localité ou d?un quartier. Comme quoi, à tous les niveaux, le secteur de la téléphonie algérienne est en pleine mutation. Il s?agit de voir désormais si ces transformations structurelles se feront sans grands fracas et à moindres coûts économiques et sociaux. L?Arpt, de par ses prérogatives et ses anticipations, est chargée de surveiller toute dérive et tout dérapage.