Résumé de la 57e partie n Le forgeron, qui s'est installé au village devient riche, ce qui attise les convoitises des habitants qui veulent le chasser. On ne chasse donc pas le forgeron, puisqu'on a besoin de lui, mais beaucoup de gens, notamment des jeunes, cherchent toujours à lui faire du mal. On convoite ses biens et surtout sa femme. Une belle dame que certains voudraient bien épouser. Un jour, alors qu'un groupe de jeunes hommes discute sur la place du village, l'un d'eux fait cet aveu. — Je désire la femme du forgeron ! La déclaration n'étonne personne puisqu'ils sont nombreux à désirer cette femme, mais celle-ci étant mariée, on ne voit pas comment ce jeune homme pouvait espérer l'obtenir. — Je ne dors plus de la nuit, continue-t-il, elle hante mon esprit ! — Hélas, tu sais bien qu'elle est mariée à cet étranger ! — Tu ferais mieux de l'oublier ! Même si, à l'époque, la force prime sur le droit, il y avait des principes, moraux et religieux, que chacun se devait de respecter, ainsi, on n'enlève pas, pour l'épouser, une femme mariée… — Je la veux ! répète le jeune homme. — Elle est mariée, dit encore un autre. — Il faudrait que le forgeron la répudie pour que tu puisses l'épouser ! — Et comme tu le sais, le forgeron ne la répudiera pas pour que tu l'épouses ! Alors, ne te fais pas d'illusions ! — Je veux l'épouser, dit le jeune homme, je dirai, devant l'assemblée du village que son époux l'a répudiée, par trois fois, et vous me servirez de témoins ! Ses compagnons se regardent : il leur demande de commettre un parjure ! Certains trouvent le projet insensé, d'autres refusent de porter un faux témoignage mais le jeune homme en fait tant que ses compagnons finissent par se rallier à lui. «C'est bien, dit le jeune homme, triomphant, je vais convoquer l'assemblée du village et vous me servirez de témoins !» Il fait ce qu'il dit. L'assemblée se tient dans la cour de la mosquée, lieu sacré où, en principe, on ne dit que la vérité, sous peine de subir le courroux du ciel. — Noble assemblée, dit le jeune homme, en prenant la parole, j'ai entendu, ce matin, le forgeron s'emporter contre son épouse et, dans un moment de colère, lui crier, par trois fois : «Je te répudie !» Il s'arrête pour voir l'effet que ces paroles ont provoqué sur les membres de l'assemblée. Certains sont surpris, d'autres froncent les sourcils, devinant les intentions de l'accusateur. Celui-ci continue : — Or, comme vous le savez, une fois que cette formule est prononcée trois fois, la femme à laquelle elle s'adresse est répudiée ! Aussi, devant vous, aujourd'hui, je demande solennellement la main de cette femme ! Un vieil homme parle. — Il faut faire venir le forgeron et écouter sa version des faits ! (à suivre...)