Explications n Les motivations des parents pour le choix de la langue étrangère dans leurs échanges avec leurs enfants sont multiples et ne se ressemblent pas. Ce constat est le résultat de notre enquête visant à faire ressortir les motivations qui ont poussé de nombreux chefs de famille à privilégier une ou plusieurs langues étrangères dans leur environnement familial. Nombre d'entre eux disent parler en français avec leurs enfants. Quant au choix de cette langue précisément, ils ont précisé qu'il leur a été dicté par la réalité de l'école algérienne qui, à leurs yeux, «ne permet pas un bon apprentissage des langues étrangères, vu le volume horaire insuffisant qui lui est consacré». Une réalité jugée handicapante pour l'avenir des enfants qui seront appelés à suivre des études supérieures dans une spécialité scientifique ou technique dispensée en langue étrangère. «Je préfère communiquer en langue française avec mes enfants pour leur assurer un bilinguisme parfait. L'arabe est leur langue d'apprentissage à l'école publique. Ainsi, ils auront le choix pour leurs études supérieures», explique Leïla, mère de deux enfants âgés de 3 et 5 ans, rencontrée dans un magasin d'habillement pour enfants, à la rue Hassiba- Ben-Bouali à Alger, et qui d'ailleurs s'est exprimé avec nous en français. Difficile de lui faire prononcer ainsi qu'à ses deux enfants, qui l'accompagnaient, un seul mot en arabe dialectal où en berbère. Lorsque ces petits chérubins n'arrivaient pas à saisir le sens d'un mot ou d'une expression, c'est la maman qui intervenait pour nous expliquer qu'ils n'ont pas tout à fait compris. «Je ne suis pas inquiète, l'arabe dialectal ou littéraire, ils l'apprendront à l'école», assure-t-elle. Tous les parents ne versent pas dans cette logique. Nombre d'entre eux, généralement de milieux favorisés (gérants et cadres d'entreprises…), avouent que leur choix repose sur le fait que ni la langue arabe ni d'ailleurs les dialectes ne sont en mesure d'assurer une mise à niveau de leurs enfants par rapport à l'évolution de la science. Ils estiment qu'étudier tout son cursus en arabe pour, 20 ans plus tard, se trouver confronté à des études dans une autre langue n'est pas ce qu'on peut appeler un plan d'avenir organisé en vue d'une réussite universitaire et professionnelle. C'est là même l'explication donnée à leur choix d'écoles ou instituts privés pour scolariser leurs enfants, le cursus dans ces établissements se faisant en langues arabe et française et où les matières scientifiques sont généralement dispensées en langue française. Poussant plus loin leur argumentation, certains parents, pour légitimer leur choix, évoquent le fait que presque toutes les institutions dans notre pays fonctionnent en langue française.