Situation n Au moment où le citoyen peine à trouver un sachet de lait pour ses enfants, les intervenants dans la filière se rejettent la responsabilité, entretenant de plus en plus le flou autour de la pénurie. La pénurie de lait en sachets qui sévit depuis plusieurs semaines dans certaines wilayas, a relancé de plus belle la guerre des mots entre les différents intervenants dans cette filière stratégique. Transformateurs, Office national interprofessionnel du lait (Onil), fournisseurs de la poudre de lait et producteurs échangent des critiques acerbes sans pour autant arriver à cerner les défaillances et autres lacunes qui demandent des solutions en profondeur, dont l'objectif consiste à réduire notre dépendance vis-à-vis de l'importation de la poudre de lait. Néanmoins, le dispositif de soutien à cette filière, mis en place en 2008, et qui comprend une prime d'intégration du lait cru de 4 DA/litre en faveur du transformateur, 7 DA/litre pour le collecteur et 12 DA/litre pour l'éleveur, n'arrive toujours pas à régler le problème. Les transformateurs éprouvent toujours du mal à intégrer le lait cru dans leur production compte tenu du prix de revient qu'ils estiment élevé, ce qui les oblige à utiliser la poudre de lait. Mais les réductions décidées par les pouvoirs publics sur l'importation de cette matière première et le retard qu'a enregistré le réseau de collecte dans son développement ont engendré un dysfonctionnement au niveau des unités de transformation. Les transformateurs, eux, accusent l'Onil de «restriction sur les quotas de poudre de lait», dont ils sont habituellement approvisionnés à des «prix subventionnés». Pour eux, leurs quotas ont sensiblement diminué, d'où la baisse de la production et la perturbation de la distribution constatée dans plusieurs wilayas. Des accusations rejetées et par l'Onil et par le ministre de l'Agriculture, qui exclut l'existence de la pénurie. M. Benaïssa, dans ses différentes réactions à ce sujet, accuse les transformateurs d'opportunisme. «Ils ne cherchent que la facilité et tentent de prendre en otage les citoyens», ne cesse-t-il de répéter. Il les accuse également de détourner la poudre à d'autres fins, comme sa transformation en des produits laitiers autres que le lait en sachet. «Comment admettre cette pénurie invoquée par certains transformateurs qui ne produisent que 700 000 litres au total, alors qu'ils ne rencontrent pas de difficultés pour les autres produits laitiers ?», s'interroge le ministre dans un entretien accordé à l'hebdomadaire El Watan Economie. «Tout simplement, lorsque les prix de la poudre augmentent sur le marché international, ces transformateurs cherchent à augmenter leurs quotas de poudre auprès de l'Onil, dont les prix sont subventionnés», a précisé M. Benaïssa. Dans une telle situation, n'est-il pas prioritaire que l'esprit de concertation prenne le dessus pour tenter de désamorcer cette crise qui risque de perdurer ?