Carnage n «Certains des corps sont méconnaissables» et l'une des mosquées a été réduite en un amas de béton. Soixante-cinq personnes ont été tuées et 120 autres blessées dans deux attaques, dont un attentat-suicide ayant fait à lui seul une soixantaine de morts, dans le nord-ouest du Pakistan. A Akhurwall, près de Peshawar, la grande ville du nord-ouest du pays, un kamikaze a pénétré par l'arrière du lieu de culte et fait exploser sa bombe au milieu des fidèles rassemblés pour la grande prière d'hier, vendredi, a expliqué un haut responsable de l'administration locale. Onze enfants figurent parmi les tués. Akhurwall est le village d'un notable, Wali Mohammad, qui a levé en 2007 une milice tribale pour combattre les talibans. «Nous pensons que les talibans ont perpétré cet attentat», a déclaré un chef tribal, assurant que les insurgés visaient des membres de la milice. «Nous ne sommes pas responsables de cet attentat», a rétorqué le porte-parole des talibans pakistanais assurant que ses hommes «ne ciblent jamais les civils». L'explosion a fait 61 morts et 104 blessés, selon un bilan donné par un responsable de l'administration locale. «Certains des corps sont méconnaissables», a-t-il dit. La mosquée a été réduite à un amas de béton, seul un des quatre murs étant encore debout, selon certains témoins. Du sang et des morceaux de chair jonchaient encore les décombres plusieurs heures après l'attaque. Quatre grenades ont par ailleurs été lancées contre une mosquée de Suleman Khel, un village situé à une vingtaine de kilomètres, a déclaré un responsable de la police. Le bilan de cette deuxième attaque est d'au moins quatre morts et 21 blessés, a dit le médecin chargé du service des urgences à l'hôpital de Peshawar. Environ 3 800 personnes ont été tuées depuis l'été 2007 au Pakistan dans une vague de plus de 400 attentats et attaques, essentiellement suicide, perpétrés par les talibans pakistanais qui ont fait allégeance à Al-Qaïda et par des groupes alliés. Les kamikazes visent d'ordinaire les bâtiments officiels et les forces de sécurité, mais ces derniers mois ils s'en prennent de plus en plus souvent aux civils, y compris dans des lieux saints, notamment ceux des obédiences minoritaires de l'islam au Pakistan. Les talibans, qui ont fait allégeance à Al-Qaïda, ont décrété en été 2007 le jihad contre Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme»de Washington. Leur fief, les zones tribales du nord-ouest, frontalières de l'Afghanistan, est devenu le principal sanctuaire d'Al-Qaïda dans le monde mais aussi la base arrière des talibans afghans. L'armée pakistanaise a perdu plus de 2 400 hommes dans les zones tribales depuis fin 2001, quand Islamabad s'est allié aux Etats-Unis en vue de pourchasser les responsables des attentats du 11 septembre. Ces dernières années, l'antiaméricanisme a atteint des sommets parmi les 170 millions d'habitants de la République Islamique du Pakistan.