«Dis-moi quelle école tu fréquentes et je te dirai qui tu es.» C'est un peu la pensée qui tend à se généraliser dans notre société. Pour la plupart des gens que nous avons interrogés, les écoles privées sont destinées à accueillir les enfants dont les parents ont un bon revenu. «Les écoles privées sont bien, mais elles sont surtout réservées aux riches. Nos enfants, eux, ne peuvent aller que dans le secteur public», estime une sage-femme, mère de trois enfants. Un avis partagé par beaucoup. Cependant les acteurs du domaine affirment que la scolarisation des enfants dans ces établissements n'a rien à voir avec le niveau social. «L'école privée dans notre pays est destinée à des cadres moyens qui en ont besoin. Certains parents font un effort considérable pour pouvoir payer l'enseignement de leurs enfants dans des conditions qu'ils jugent nécessaires», estime le directeur fondateur du groupe scolaire Salim. Ce dernier enchaîne que même dans les écoles publiques, les parents déboursent des sommes faramineuses pour assurer des cours de soutien à leurs enfants. À le croire, la scolarisation dans une école privée ne dépasse pas de trop ces cours de soutien en matière de coût. Mais combien coûte la scolarisation dans une école privée ? La scolarisation d'un enfant au primaire coûte entre 10 000 et 12 000 DA le mois, 14 000 à 16 000 DA pour le collège et environ 20 000 DA pour le lycée. Communiqués à des citoyens, ces frais n'ont pas manqué de susciter nombre de réactions. «Débourser 10 000 DA pour scolariser mon enfant est sans doute impossible. Il me faudrait trouver un emploi supplémentaire pour pouvoir répondre à toutes les dépenses de la famille», a estimé, pour sa part, un père de famille, fonctionnaire dans une entreprise. Parmi les clients privilégiés de ces écoles, on trouve des étrangers ou des émigrés qui reviennent s'installer au pays. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à opter pour les établissements privés. «Il y a des étrangers qui passent par le bureau des étrangers au ministère de l'Education nationale et rejoignent une école privée pour, en fin de compte, faire le programme national», a estimé M. Aït Ameur, représentant de ces écoles privées.