Résumé de la 3e partie Le 4 octobre, les tribus qui se battent autour du village s?éloignent enfin. Michel repart, cette fois déguisé en Arabe. Quatre jours après le départ du village, l?un des hommes, blessé au pied par une épine, voit dans cet accident une malédiction d?Allah et refuse d?avancer. Michel promet, tempête. Il croit qu?il va enfin convaincre son guide, quand des balles sifflent à leurs oreilles. On tire sur eux depuis une arête rocheuse. Il leur faut faire demi-tour précipitamment? Après une course quasi ininterrompue de deux jours et deux nuits, Michel retrouve le misérable village. Il commence à se demander si un jour il connaîtra Smara. Il profite de ce nouveau repos forcé pour soigner les plaies de ses pieds, se battre contre la vermine et discuter longuement avec de nouveaux guides. Ils lui demandent naïvement deux cent mille francs, comme ils en demanderaient deux mille. Parfois l?inquiétude, le dépit l?emportent et le poussent à des accès de rage qu?il doit contenir. Il compte les jours dans cet affreux taudis, au milieu des mouches et des poux. Il a des maux de tête, des courbatures, des plaies. Les chameaux dorment à la belle étoile. Il y a toujours la hantise de se les faire voler pendant la nuit. Une phrase d?Eschyle lui revient : «Ne désire pas une chose avec trop de force, des dieux jaloux te l?interdiraient.» Mais Smara est devenue pour lui une obsession qu?il transcende, qu?il assimile à un idéal. Le 24 octobre, il repart de nuit, avec trois nouveaux guides. Le 28, de nombreuses traces de chameaux, toutes fraîches, indiquent que des nomades campent aux environs. Ses guides ne consentent à continuer qu?à la condition de le cacher dans un de ces grands paniers de vannerie destinés aux provisions, suspendus aux flancs des chameaux. Ficelé comme un paquet dans le couffin, dans l?impossibilité de bouger, sa position devient vite douloureuse. Un épais burnous de laine jeté sur la tête le protège du soleil et l?étouffe. Ballotté au flanc de la bête, il sent les muscles aller et venir, le meurtrir à chaque passage. Une seule idée fixe le soutient : Smara. La nuit, on délie Michel pour l?installer sur la selle du chameau. Il ne peut reposer son corps meurtri que deux ou trois heures sur le sol caillouteux. Comme il n?y a pas de puits dans cette plaine au-delà des collines, il faut avancer nuit et jour. La selle de bois lui cause des douleurs intolérables. Cela dure six jours et six nuits. Enfin, dans l?ouverture de deux collines apparaît une vaste vallée de terre jaune, couverte de buissons et d?arbres épineux. Trois mille tentes de nomades en guerre sont plantées là. Il faut à nouveau se cacher dans le couffin, les genoux au menton, collé au flanc du chameau qui avance par à-coups, s?arrêtant çà et là pour brouter. Il ne peut sortir du couffin, même lorsque les guides font reposer la bête, qui replie ses pattes. Alors, à travers le couffin, son corps repose sur les pierres. Enfin, après maintes péripéties, le 1er-Novembre 1930, les efforts de Michel sont récompensés par une vision fantastique. Dans le désert sans un buisson, sans une touffe, derrière un relèvement du sol dépassant à peine le sommet des roches qui semblent des murs morts, dans le silence, le soleil et les pierres, apparaît une petite coupole jaune. Elle a l?air trouée. Elle semble émerger d?une ville de mirage, face au désert. C?est Smara ! Le rêve devient réalité. Une bien étrange réalité : Smara est une ville déserte, et cinq mille tentes au moins sont plantées autour. D?un instant à l?autre, les Maures peuvent envahir la cité abandonnée. Les guides de Michel, pris de panique, le pressent de fuir. Mais il obtient d?eux de traverser les campements, toujours ficelé dans son couffin, et se fait libérer une fois à l?abri des ruines. Il les visite en hâte, pendant trois heures. Il compte les rues, les distances, relève la position des édifices et leur orientation. Les guides le harcèlent : il faut fuir avant qu?on ne le découvre. Mais quand Michel pénètre sous le plafond de la mosquée autrefois sainte, il sent une brusque chaleur dans la poitrine. Par la trouée d?un mur, il aperçoit la ville. Il est au c?ur de Smara. Au c?ur de son rêve et finalement de sa foi. (à suivre...)