Résumé de la 2e partie Michel appelle son aventure «un raid». Déguisé en femme berbère, il suit la caravane. Bientôt, les difficultés commencent. Michel replace le voile sur ses cheveux, se retourne et comprend que ce n?est pas de lui qu?elles parlent : un autre homme vient d?arriver, un inconnu seul, tirant un dromadaire. Le nouvel arrivant a sûrement eu le temps, lui aussi, de voir Michel sans son voile. Le voilà qui rejoint la petite caravane au bord de la mare, palabre avec les trois hommes et les femmes, tout en jetant des regards curieux à Michel. Finalement, ses compagnons lui font comprendre que l?arrivée d?un inconnu ne leur dit rien qui vaille et que pour éviter le pire, il vaut mieux se séparer. Les hommes vont continuer la route sur le plateau. Les femmes, avec Michel, continueront en bas, dans le ravin. Si le jeune inconnu interroge les hommes, ceux-ci pourront lui mentir en toute tranquillité. Les femmes et les hommes se retrouveront à la tombée de la nuit, dans le village qui, paraît-il, sommeille depuis des siècles à l?extrémité de ce ravin. Beaucoup plus tard, au milieu de la nuit, après avoir cheminé des heures durant en se tordant les pieds dans le noir, Michel et les trois femmes se glissent au milieu de quelques buissons, quelques palmiers rabougris et des murs éboulés. Voici un portail, une porte délabrée qui s?ouvre en grinçant dans la nuit. Dans un patio minuscule, les hommes de la petite caravane les attendent. Michel s?effondre et s?endort parmi eux, dans une pièce sans air. Smara est encore lointaine, et le sera encore plus dans les jours qui suivent : deux tribus ennemies s?étant rencontrées autour du village, le silence du désert retentit de leurs coups de fusil. Michel est contraint à rester enfermé dans la misérable baraque. Elle ne reçoit l?air que par une minuscule ouverture fermée par des barreaux. L?atmosphère y est irrespirable, mais le jeune homme ne se décourage pas. Il est, au contraire, habité par une foi étrange. A l?intention de son frère, qui doit s?inquiéter pour lui à Agadir, il tient un journal de voyage. Il y note : «Depuis que j?ai entamé mon raid vers Smara, tout n?est plus qu?action, mouvement, tout est pur parce que rien n?est inutile? Je n?avais jamais ressenti cela. Sans doute parce que la mort et la vie sont si proches dans ce pays, tout est mouvement vers la vie ou mouvement vers la mort. L?arrêt au point d?eau, c?est un mouvement vers la vie. L?arrêt dans le désert est un mouvement vers la mort. Les heures, les jours qui s?écoulent, insipides, entre ces quatre murs, sont un mouvement vers la vie puisqu?ils sont le refus d?un risque inutile. Les soins que j?apporte à mes pieds écorchés, la nourriture prise où le chameau a bu, où les femmes ont rincé leurs mains, sont un mouvement vers la vie? De multiples forces d?or me transfigurent, mon frère. Je cherche, dans cette course vers le but, à passer du précaire au définitif. Ce but a un nom, fait pour passer de la bouche à l?oreille des hommes : Smara. Car Smara existe, je suis sûr que Smara existe, je veux que Smara existe.» Le 4 octobre, les tribus qui se battent autour du village s?éloignent enfin. Michel repart, cette fois simplement déguisé en Arabe. Il marche, peine, se cramponne à la selle du dromadaire. Il essaie de savoir s?il va vers le sud ou le sud-ouest. Il s?efforce de repérer la direction des montagnes, la nature du sol, de noter où se trouvent les points d?eau, le nom des tribus, des montagnes. Depuis deux jours, à cause de la fièvre, il ne mange plus qu?un peu d?orge le matin. Les départs à l?aube sont toujours brusqués, à la mode des caravaniers. Les bêtes sont vite chargées. Il faut se hisser sur la selle et faire attention au mouvement de bascule pour ne pas être précipité à terre quand le dromadaire se relève en deux temps. Smara semble de plus en plus loin. (à suivre...)