Recruté par l'Unesco et l'Autorité palestinienne, l'architecte suisse Peter Zumthor a pour ambition de sauver la plus vaste mosaïque du Moyen-Orient, sinon du monde, dans les ruines du Palais d'Hisham, un joyau omeyyade du VIIIe siècle près de Jéricho (Cisjordanie). Peter Zumthor, prix Pritzker-2009 (l'équivalent d'un Nobel de l'architecture), a récemment présenté aux pays donateurs son projet de «Maison des Mosaïques» pour mettre en valeur ce site archéologique, un des plus riches de Palestine, au nord de l'oasis de Jéricho, et y attirer les touristes. Son but est de «recréer l'atmosphère originelle de l'endroit, une cité de loisirs, pour en faire un lieu emblématique de Jéricho», une des plus vieilles villes du monde qui célèbre son 10 000e anniversaire. Les ruines du palais d'Hisham, construit sous l'Empire omeyyade (661-750 après J.-C.), s'étendent sur 60 hectares à Khirbat al-Mafjar, à l'ouest de la vallée du Jourdain, à 260 m sous le niveau de la mer. Le site – il a le potentiel d'être classé au patrimoine mondial de l'Humanité – a été découvert en 1873 et les premières excavations scientifiques datant des années 30, ont été effectuées par l'archéologue anglais Robert W. Hamilton pendant le mandat britannique en Palestine. Représentatif des débuts de l'architecture islamique, ce palais d'hiver se compose d'une résidence de plusieurs étages, une cour à portiques, une mosquée, une fontaine et surtout un hammam sur le modèle des bains romains. Longtemps attribué au 10e calife de la dynastie des Omeyyades, Hisham bin Abed el-Malik (724-743), il semble que ce serait son neveu et successeur al-Walid II qui l'a bâti vers 743-744, et habité. Palais inachevé, il fut détruit par un tremblement de terre vers 749. Le coût global du chantier est de 10 à 15 millions de dollars, dont 4 millions pour les deux prochaines années, selon l'Unesco. L'un des intérêts de la «Maison des Mosaïques» est qu'elle pourrait servir de «modèle» à la préservation d'autres sites archéologiques.