Résumé de la 39e partie n D'autres patientes, pourtant bien portantes, mais se faisant suivre par le docteur Shipman décèdent brutalement, après avoir été piquées par le médecin. Mais l'année 1997 ne finit pas avec le décès de madame Quinn. Le 9 décembre, le médecin se rend au domicile de Laura Kathleen Wagstaff, une vieille femme de 81 ans. Elle souffre des affections qui atteignent généralement les vieillards à cet âge, mais rien d'alarmant. En dépit des conseils de sa famille, elle refuse d'aller dans une maison de retraite. «Je me sens encore en forme, dit-elle, alors pourquoi aller m'enfermer dans une maison de retraite où je ne verrai plus mes relations ?» Le médecin consulté est de son avis : madame Wagstaff est encore valide et peut s'occuper d'elle-même ! Pourtant, ce jour-là, en lui rendant visite, le docteur Shipman lui trouve un air bizarre et l'avertit : «A votre âge, on n'est pas à l'abri d'une crise cardiaque !» La vieille femme est effrayée, mais le médecin la rassure. «Je vais vous éviter ça, en vous faisant une injection !» Il ouvre sa trousse. — Ce n'est pas douloureux ? demande la vieille dame, inquiète — Non, non, tout se passera bien ! Elle se met sur une chaise, retrousse la manche et tend le bras au médecin. La main de Shipman tremble en glissant l'aiguille dans la veine. Un frisson délicieux le parcourt… — Je ne ressens rien, dit la malheureuse. Ce sera ses dernières paroles. Un peu plus tard, quand il reviendra faire le constat, il signera le permis d'inhumer. Il indiquera sur son carnet le nom de la patiente, la date du décès et la cause : thrombose coronarienne. Le 10 décembre, alors qu'on commence à préparer les fêtes de fin d'année, le docteur est sollicité par une de ses patientes : Bianka Pomfret a eu un malaise. C'est une femme divorcée de 49 ans, qui vit seule. Le médecin l'examine. Il ouvre sa trousse. Madame Pomfret aperçoit la seringue. — Vous allez me faire une injection ? — Oui, c'est plus radical que les autres traitements ! Elle s'assoit. — Retroussez votre manche. Elle obéit. Ce sera son dernier acte. Quand on la découvre, un peu plus tard, le docteur Shipman déterminera la cause du décès : infarctus du myocarde. Les dernières semaines de l'année, le médecin les passe en famille, avec son épouse et ses enfants. Si le médecin assiste, en spectateur indifférent à la mort de ses clientes, c'est un mari et un père affectueux. Plus tard, quand on l'arrêtera, son épouse, Primerose, témoignera. «C'est un mari et un papa gâteau ! Il fait tout pour nous plaire… Il voulait que nous soyons tout le temps heureux !» Bien entendu, il ne parlait jamais de ses patientes qu'il aidait à mourir… Noël, puis le jour de l'an passe. Shipman n'oublie pas ses clientes, notamment celles qui vivent seules. Peut-être a-t-il déjà arrêté celles qui doivent mourir, mais il n'a pas encore pris de décision. Ou alors, le désir de donner la mort — ce désir qui l'obsède et qui fait de lui un être supérieur — ne s'est pas encore manifesté. (à suivre...)