Résumé de la 102e partie n Richard presse le Dr Pauncefoot de retrouver la lettre d'Emerson... Dans l'après-midi du lendemain, le docteur Pauncefoot Jones, un bruit de moteur parvenant à ses oreilles, inspecta du regard le désert et aperçut, encore très éloignée, une auto en route vers le tell. — Encore des visiteurs ! s'écria-t-il, sans cacher sa contrariété. Comme si je n'avais pas mieux à faire que de promener dans les fouilles des imbéciles qui se croient obligés de me raconter les derniers potins de Bagdad ! — Vous oubliez Victoria, dit Richard. Elle peut très bien vous remplacer. Elle en sait assez pour faire un excellent guide. N'est-ce pas, Victoria ? La jeune fille protesta : — Mes explications, j'en ai peur, fourmilleraient d'erreurs. Je ne suis pas très calée, vous savez ! — Vous êtes trop modeste, répliqua Richard. Ces remarques que vous m'avez faites, ce matin, sur les briques à plan convexe, elles auraient pu venir directement du bouquin de Delongaz... Victoria sentit une légère rougeur lui monter aux joues. Elle se promit de surveiller plus sévèrement l'utilisation de sa jeune érudition. Il lui faudrait éviter le mot à mot et paraphraser. — Quoi qu'il en soit, dit-elle, je ferai de mon mieux... — Et vous nous pardonnerez de nous décharger sur vous de toutes les corvées ? Elle sourit. La phrase gentille de Richard rachetait la pointe de tout à l'heure. A dire vrai, Victoria était elle-même assez surprise de l'activité dont elle faisait montre depuis cinq jours qu'elle était là et de l'intérêt qu'elle prenait à son travail. Elle avait commencé par développer des clichés photographiques, dans un cabinet noir minuscule et avec un matériel rudimentaire, posé sur une malle qui servait de table de laboratoire. Les premiers paniers de débris dont elle avait eu ensuite à s'occuper avaient excité son hilarité. Comment pouvait-on s'intéresser à de pareils détritus ? Quand elle eut appris à les distinguer et, d'après un fragment, à reconstituer par la pensée l'objet entier, elle changea d'avis. Elle se mit à imaginer ce que pouvait être l'existence quotidienne des hommes qui vivaient là quelque trois mille ans plus tôt, à deviner leurs occupations, leurs besoins, leurs espoirs, et leurs craintes. Les vestiges des humbles demeures, exhumés au cours des précédentes campagnes, lui avaient révélé que, contraire-ment à ce qu'elle croyait, l'archéologie ne s'attachait pas seulement aux palais et aux sépultures royales et qu'elle n'ignorait pas les petites gens. Victoria trouvait cela fort sympathique. C'était à tout cela qu'elle pensait en allant, avec Richard, à la rencontre des deux hommes qui venaient de descendre de l'automobile. C'étaient deux Français, curieux des civilisations antiques, qui parcouraient la Syrie et l'Irak. Richard leur souhaita la bienvenue et les confia à Victoria. Elle leur fit visiter les fouilles. Répétant, un peu à la manière des perroquets, ce qu'elle avait entendu dire, elle leur donna de copieuses explications, enrichies de détails qu'elle inventait pour «corser» son discours. (à suivre...)