Résumé de la 91e partie n Victoria, dans sa fuite, voit une auto avec au volant un Arabe et son passager, un Européen... D'un trait, elle ajouta : — J'étais allée me faire faire un shampooing, on m'a chloroformée et, quand je suis revenue à moi, j'étais emprisonnée dans un village qui est par là… Elle indiquait la direction. — A Mandali ? — C'est possible ! Je me suis sauvée hier soir, j'ai marché toute la nuit et je me cachais parce que je ne savais pas si vous n'étiez pas un ennemi... L'homme écoutait, sans réaction visible. Il était grand, blond, et ne devait pas avoir plus de trente-cinq ans. II tira un lorgnon de la poche de son veston, le plaça en équilibra sur son nez et toisa Victoria des pieds à la tête, avec une expression de mépris à peine dissimulée. Il était manifeste qu'il ne croyait pas un mot de ce qu'elle venait de dire. Elle s'en rendit compte et, rageuse, elle ajouta : — C'est la vérité, la pure vérité ! Il paraissait plus sceptique que jamais. — Très curieux ! dit-il avec flegme. Victoria était au désespoir. Quand elle inventait des mensonges, c'était un jeu pour elle que de les faire avaler à n'importe qui. Quand elle disait la vérité, personne ne voulait la croire ! — En tout cas, reprit-elle, ce qu'il y a de sûr, c'est que je mourrai de soif si vous ne me donnez pas à boire et que je mourrai de soif également si vous me laissez ici ! — II n'en est pas question, répliqua l'étranger, sur le même ton très calme. Il est inconvenant qu'une Anglaise erre seule dans le désert. Vos lèvres sont gercées... Abdul ! — Sahib ? Le conducteur de la voiture s'était approché. Son maître, lui ayant donné quelques ordres en arabe, il courut à l'auto et en revint bientôt avec une bouteille Thermos et une tasse en bakélite. Victoria but avidement quelques gorgées d'eau. — Ça va mieux ! dit-elle ensuite. L'Anglais jugea le moment venu de se présenter. — Je m'appelle Richard Baker. — Et moi, Victoria Jones... Résolue à obtenir de son «sauveur» mieux qu'une considération distante, elle précisa : — Victoria Pauncefoot Jones... Je vais rejoindre mon oncle, le docteur Pauncefoot Jones, qui fait des fouilles par ici. — Quelle coïncidence extraordinaire ! s'écria Baker, regardant la jeune fille avec un renouvellement de surprise. Je vais le retrouver, moi aussi. II n'est pas à plus de quinze milles d'ici. Convenez que si quelqu'un devait vous venir en aide, c'était bien moi ! Victoria, littéralement anéantie, ne répondit pas : elle était incapable d'articuler un mot. Sans rien dire, elle suivit Richard et monta dans la voiture. — Je suppose que vous êtes l'anthropologiste, reprit-il, tout en l'installant sur la banquette arrière. On m'avait dit que vous veniez, mais je ne pensais pas que vous arriveriez si tôt dans la saison... Il retira de ses poches quelques-unes des trouvailles qu'il avait faites sur les pentes du monticule, les examina et dit : — Un gentil petit tell, mais, en définitive, qui ne recèle rien de bien extraordinaire... (à suivre...)