Résumé de la 3e partie n Mme Rippens, pour éloigner sa voisine Claudine, décide de tuer Yvette, la fille de cette dernière... «Non... j'aime beaucoup les petites filles.» Un véritable grondement s'élève de la salle des assises. Chacun revoit, parfaitement visibles sur les photos présentées par l'accusation, les traces des doigts de Clémentine enfoncés profondément dans le menton de la fillette. «Mais alors pourquoi ? ... Pourquoi ? crie le président. — C'était le seul moyen de me débarrasser de cette Claudine. — Mais pourquoi pas la mère ? C'eût été plus radical, non ?» Clémentine provoque un nouveau mouvement de révolte dans l'assistance lorsqu'elle répond logiquement : «Je n'étais plus assez forte.» Le président esquisse un geste qui exprime son découragement : comment juger humainement un être pareil ? «Vous attendez donc que votre fille et son amie partent faire des courses, puis vous vous glissez subrepticement jusqu'à la maison où dort la petite Yvette. Racontez-nous cela, s'il vous plaît. — Oui, monsieur le président. Je suis passée par la fenêtre du rez-de-chaussée. J'ai pris un couteau dans le tiroir de la cuisine, puis je suis montée dans la chambre à coucher de la gamine. — C'était un escalier très dur pour vous, non ? — Oh ! oui... Je suis montée lentement, à genoux, en m'accrochant à la rampe. J'avais mis le couteau dans ma poche et... — Et vous prétendez être infirme alors que vous avez enjambé une fenêtre, réussi à grimper seule l'escalier de bois très raide qui mène aux chambres. De même que, parvenue au chevet de l'enfant, il a bien fallu que vous lâchiez vos cannes pour prendre dans votre poche le couteau de cuisine. Yvette ne s'est pas réveillée lorsque vous vous êtes approchée du lit ? — Non... Je me suis doucement assise sur le bord du matelas. Je tenais la lame de la main gauche, car l'autre est mutilée, vous voyez ? J'ai appuyé sur sa tête, d'abord avec le coude droit, puis ensuite avec la main... — Et pour l'égorger, vous avez fait, je présume, plusieurs mouvements de va-et-vient. — Oui, monsieur le président.» Dans un silence bizarre, une sorte de silence furieux, le président secoue la tête, comme s'il essayait de chasser un cauchemar, et précise à l'attention des jurés : Elle a tranché la gorge de l'enfant endormie jusqu'à la colonne vertébrale. Quelle vigueur étonnante pour une infirme... Après, que s'est-il passé ?» De sa voix détachée, l'accusée explique qu'après avoir redescendu l'escalier sur les fesses elle n'a pas eu le temps de sortir de la maison : revenues des courses, Claudine Foster et sa fille Geneviève l'ont surprise dans le vestibule. Elle leur a crié : «Claudine, va donc voir ce qu'il a fait à ta gosse ! C'est un barbu. Je l'ai vu sortir de chez toi.» «Evidemment, conclut le président, pendant plusieurs jours la police s'est acharnée sur tous les barbus des environs, avant de se rendre à l'évidence : l'auteur de ce crime stupide et monstrueux n'était autre que la voisine : Clémentine.» C'est fini, ou presque. Une formalité ! J'espère, s'écrie l'avocat général que ce jugement ne sera qu'une formalité ! Et pourtant je requiers la peine de mort. Cela pour trois raisons : la première, c'est qu'il s'agit d'un acte de barbarie ; la seconde, c'est que, même complètement déraisonnable, ce crime a été médité par l'accusée pendant toute une nuit : plus de dix heures ; la troisième, c'est que, si vous déclarez que l'accusée est folle, elle sera conduite dans un asile psychiatrique et risque d'être remise en liberté dans six mois...» Les jurés ne vont pas délibérer longtemps, à peine trente-cinq minutes, et ils reviennent avec leur verdict : la peine de mort.