Résumé de la 2e partie n Lorsque le président lui rapporte ce qui se dit dans son village au sujet de son infirmité, CIémentine s'écrie, «c'est faux, je ne peux pas me passer de mes béquilles». Possible, mais on prétend que, lorsque cela vous chante, vos béquilles vont plus vite que vous. Enfin, passons. Au printemps 1975, Claudine Foster, une jeune mère séparée de son mari et vivant seule avec sa fillette Yvette, vient habiter le village dans une maison proche de la vôtre. Immédiatement votre fille Geneviève se lie d'amitié avec la nouvelle venue. Considérez-vous qu'elle a changé d'attitude à votre égard à dater de ce jour ? — Oui, monsieur le président. J'avais pourtant été gentille avec Claudine Foster. Au début je la trouvais sympathique. D'ailleurs, je l'avais aidée à emménager. — C'est à cette occasion, je suppose, que vous avez appris où elle rangeait ses couteaux ? demande brutalement le magistrat... Passons. Donc, vous la trouviez sympathique. Elle est, en effet, fort sympathique. Malheureusement, cela n'a pas duré. Très vite, vous avez été jalouse de l'influence qu'elle exerçait sur votre fille. — Parfaitement, je voulais qu'elle laisse Geneviève tranquille. — Mais enfin, quel mal lui faisait-elle ? — Elle voulait me la prendre, monsieur le président. — Qu'elle ait voulu libérer votre malheureuse enfant, qui s'en étonnerait ? grogne le président. C'est alors que vous avez décidé de l'obliger à partir. Vous avez brisé ses vitres, sectionné le tuyau de la cuve à mazout, vidé des seaux hygiéniques dans son jardin, prétendu dans le village qu'elle était atteinte d'une grave maladie contagieuse, etc. J'en passe... «Le comble, c'est lorsque vous avez cassé les tuiles du toit pour qu'il pleuve chez elle... Cela ne devait pas être facile avec vos béquilles ? D'autant que le chemin qui relie vos deux maisons est difficilement praticable ? — Je marchais doucement, répond l'inculpée avec le même regard sournois. — Le 15 août, c'est votre anniversaire. Eh oui, remarque le président en s'adressant aux jurés. Comme tout être humain, Clémentine est née, Clémentine a été un petit bébé rose qui faisait «arreu arreu»... Et l'on se croit obligé de fêter cet affreux jour. Yvette, qui a cinq ans, vient vous offrir à cette occasion un jupon et un pendentif. Le geste de cette enfant ne vous a pas émue ? — Si, monsieur le président, j'en ai même pleuré. C'était la première fois qu'on me faisait un cadeau. — Malheureusement, ce jour-là aussi, votre file Geneviève et Claudine Foster ont été ensemble consulter une voyante. Quand elles sont revenues, que vous ont-elles dit ? — Que quelqu'un allait mourir dans notre entourage, monsieur le président. — Et cette prédiction vous a trotté dans la tête n'est-ce pas ? — Oui, j'y ai pensé toute la nuit. — Après l'épisode de la voyante, vous avez dit à votre fille que le vase débordait, pourquoi ? — Parce qu'elle voulait partir en Tunisie avec Claudine. Elle voulait m'abandonner. — Elle vous l'a dit vraiment ? Vous en êtes sûre ? — Euh ! non, mais... — En réalité, explique le magistrat se tournant vers les jurés, Geneviève avait reçu une carte postale d'un ami tunisien, et c'est à partir de cette unique correspondance que l'accusée a bâti un roman. Un roman qui le 16 au matin l'a conduite à prendre une décision : elle va tuer... C'est l'un des crimes les plus affreux, les plus injustes, les plus stupides que j'aie jamais eus à juger.(à suivre...)