Tension n La réunion débat avec des représentants de la société civile et le comité de soutien aux frères Mohamed a tourné au vinaigre. Des associations de familles de victimes de terrorisme ont empêché hier mercredi au Forum d'El Moudjahid la tenue de cette rencontre. L'argument avancé est que l'ancienne ministre de la Solidarité et actuelle présidente de l'Association nationale de solidarité avec la femme rurale, Mme Saïda Behabylès, n'a pas les prérogatives pour s'exprimer au nom des victimes du terrorisme. «Elle ne nous représente pas. Elle veut faire du business sur le dos des victimes de terrorisme. Où était-elle quand le terrorisme battait son plein, pour venir aujourd'hui prendre la parole au nom des victimes de la tragédie nationale ?», scandait Mme Rabha Tounsi, secrétaire nationale de l'Organisation nationale des familles victimes de terrorisme et des ayants droit (ONFVTAD). Et de poursuivre : «Elle n'a été mandatée par personne pour représenter les victimes du terrorisme.» La salle de conférence a, dans ce chahut, été prise d'assaut par les victimes du terrorisme affiliées à l'ONFVTAD. L'Organisation de Mme Tounsi s'en est pris violemment à Mme Benhabylès pour avoir invité le président de l'association française des victimes du terrorisme Guillaume Denoix, au nom d'un collectif algérien de la Fédération internationale des associations victimes du terrorisme. «C'est une organisation qui n'a pas été agréée. Elle n'existe pas. On est les seuls représentants des victimes duterrorisme», insiste Mme Tounsi. Déplorant l'incident, les familles victimes du terrorisme non affiliées à l'ONFVTAD ont vainement tenté de remettre les choses en ordre. «Les victimes du terrorisme ne sont pas la chasse gardée de Mme Flici ou de Mme Tounsi. Nous sommes libres de soutenir et de travailler avec d'autres personnes qui nous semblent plus habilitées à apporter un plus pour nous en tant que victimes du terrorisme. C'est un problème de leadership. Mme Flici et son organisation (ONVT) n'ont jamais été au chevet des victimes du terrorisme. Pis encore, elles ne supportent pas de voir d'autres personnes émerger dans ce cadre et défendre nos intérêts», dénonce Mme Djefel, une victime du terrorisme présente sur place. Invité à l'initiative du collectif algérien de la Fédération internationale des associations des victimes du terrorisme, présidée par Mme Benhabylès, ainsi qu'un comité de soutien aux deux frères Mohamed, Guillaume Denoix a qualifié l'incident de «regrettable». Il a estimé que la conférence qui devait avoir lieu avait pour objectif de rendre visible l'affaire des frères Mohamed de Relizane ( Hocine et Abdelkader), victimes du terrorisme, mis en examen en France depuis sept ans. «Nous sommes là pour lancer un appel de solidarité avec la famille Mohamed et apporter notre soutien à leur mère», a dit M. Denoix. «Nous comptons contacter le ministère de l'Intérieur et des Affaires étrangères français pour aider Mme Mohamed à obtenir un visa. Elle n'a pas vu ses enfants depuis près de 10 ans», a-t-il ajouté. Incarcérés sur plainte de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), les frères Mohamed sont accusés de «barbarie» et «d'enlèvement» par Patrick Bedoin, président de la FIDH et le tenant du «qui tue qui ?».