Sécession n Des centaines de Sud-Soudanais dansaient hier dans les rues de Juba pour marquer la «marche finale vers la liberté», à deux jours du référendum sur l'indépendance de cette vaste région sous-développée d'Afrique. La campagne pour le référendum a pris officiellement fin vendredi à minuit. Ce scrutin est prévu par l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à 22 ans de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud chrétien, tourné vers l'Afrique noire. Dans la soirée d'hier, le président soudanais, Omar el-Béchir, a déclaré à la chaîne satellitaire Al-Jazeera que si le Sud-Soudan faisait sécession, les Sudistes vivant dans le Nord seraient considérés comme des étrangers. «Puisqu'ils ont décidé, ou vont décider, que le Soudan va être divisé en deux Etats, il n'y a pas de logique selon laquelle ils doivent avoir les mêmes droits et avantages dans le Nord du Soudan.» Il a, par ailleurs, mis en garde contre l'éclatement d'une guerre à Abyei, après les déclarations de deux tribus de cette zone concernant leur éventuel rattachement au Nord ou au Sud-Soudan. «Nous souhaitons que Dinka n'adopte pas de décision unilatérale sur l'affiliation d'Abyei au Sud-Soudan, car la tribu Miseria ne l'accepterait pas et adopterait une décision similaire sur l'affiliation de la région au Nord. Cela pourrait provoquer une guerre», a averti el-Béchir, qui s'est dit également opposé à la présence étrangère à Abyei, région du Soudan riche en pétrole, située à la frontière entre le nord et le sud du pays. «Il y a une autorité conjointe représentant les deux groupes de populations dans cette zone et cette autorité le restera jusqu'à la conclusion d'un accord sur le statut de cette région», a-t-il souligné. Enfin, il a proposé l'établissement d'une «confédération» entre le Nord et le Sud, si les populations du Sud optent pour la séparation, dans le but de sauvegarder la sécurité et les intérêts économiques, sociaux et politiques entre les deux parties». Le porte-parole de la commission référendaire, George Maker Benjamin, a déclaré hier que les préparatifs pour le vote étaient «terminés». «Les bulletins de vote sont arrivés dans tous les bureaux». L'échéance a été tenue malgré des retards qui avaient fait craindre le report du vote, voire un retour à la guerre. Le sénateur américain, John Kerry, a tenu à accorder un satisfecit au gouvernement de Khartoum pour le bon déroulement de ces préparatifs. Près de quatre millions de Sudistes se sont inscrits pour participer au scrutin qui doit se dérouler sur une semaine à partir de demain. Les analystes et même les responsables politiques nordistes, pronostiquent une victoire de l'option sécessionniste qui pourrait mener dès juillet, à la fin de la période intérimaire de six ans, à la partition du plus vaste pays d'Afrique. Le vice-président du Sud-Soudan, Riek Machar, a déclaré hier que toutes les mesures avaient été prises afin d'assurer la tenue d'un référendum «pacifique». «C'est le moment où les Sud-Soudanais vont devoir exercer leur droit à l'autodétermination via un processus démocratique», a conclu M. Machar, fervent défenseur de la cause indépendantiste.