Le Soudan dans sa configuration géographique actuelle vit-il ses derniers mois ? Pour la première fois, les ex-rebelles au pouvoir au Sud-Soudan annoncent publiquement qu'ils appelleraient la population à voter pour la sécession lors du référendum d'autodétermination prévu en janvier prochain. La partition en deux entités de ce grand pays d'Afrique risque de devenir réalité dans les prochains mois. «Parce que l'unité du pays n'a pas été rendue attrayante, nous soutenons le choix de la population, parce que nous suivons la population», a déclaré Anne Itto, vice-secrétaire générale des ex-rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) pour le Sud-Soudan. Interrogée sur la meilleure option pour la population sud-soudanaise, la responsable a répondu : «La sécession.» «Si vos oreilles sont ouvertes, vous savez que plus de 90% de la population montre déjà ses couleurs», clamera-t-elle. L'unité «n'est pas faisable, particulièrement lorsque le SPLM sait qu'elle n'a pas été rendue attrayante» par le gouvernement central de Khartoum, a affirmé la responsable à Juba. La sécession semble avoir les faveurs d'une partie des sudistes. Un Etat indépendant au Sud semble aussi intéresser certaines puissances adversaires du gouvernement en place à Khartoum. Lors d'un référendum prévu le 9 janvier, les Sud-Soudanais seront appelés à choisir entre le maintien de l'unité avec le reste du pays ou la sécession. Ce scrutin est le point-clé de l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, musulman, et le Sud, à majorité chrétienne. L'accord de paix engageait le parti du président Omar El Béchir et l'ex-rébellion sudiste à retrouver la meilleure formule pour une harmonie entre le Nord et le Sud. Le SPLM compte deux sections, l'une pour le Sud-Soudan et l'autre pour le Nord-Soudan, où il compte aussi des partisans. Mme Itto s'est empressée de préciser que ses propos n'engageaient que la branche sud du parti mais la tendance vers la sécession reste palpable. C'est la première fois qu'un haut responsable du parti dévoile publiquement le choix de la formation pour le référendum de janvier. Vendredi dernier, l'armée du Sud-Soudan a accusé les forces nordistes d'avoir lancé 18 bombes cette semaine lors de raids aériens sur son territoire, dans l'intention, selon elle, de compliquer la tenue du référendum d'autodétermination. Les attaques présumées ont eu lieu dans les régions de Raja et de Timsa, dans l'Etat du Bahr Al Ghazal occidental. L'armée sudiste a multiplié depuis deux semaines les accusations d'agression aérienne par les forces nordistes. Ces dernières ont reconnu avoir bombardé par erreur, le 12 novembre dernier, le territoire sud-soudanais alors qu'elles visaient des rebelles du Darfour, région au cœur d'un conflit ethnique et humanitaire encore en suspens. M. B.