Gaïa et Alaïa habitaient dans un très grand pays. Les villes, les maisons, les magasins, tout était grand. Les habitants travaillaient beaucoup, car plus ils travaillaient, plus ils pouvaient acheter de grandes choses. C'était un peu ennuyeux mais, heureusement, ils pouvaient aussi faire de grands voyages. Un jour, quand le soleil commence à se coucher beaucoup plus tard, les parents de Gaïa et Alaïa les emmenèrent très loin, au bord de la mer, dans une petite maison avec un jardin minuscule. Seul l'horizon était infiniment grand. Il y avait beaucoup d'oiseaux, d'arbres, de fleurs, de cailloux, d'écureuils, de coquillages, de pommes de pin, de coccinelles de sauterelles… On entendait le bruit des vagues du matin au soir et du soir au matin. Souvent pendant la nuit, la mer montait si haut que Gaïa et Alaïa avaient l'impression de dormir dans un bateau. Plusieurs semaines passèrent et le soleil commença à se coucher plus tôt. Le soir, les oiseaux chantaient moins longtemps et les nuages allaient plus vite dans le ciel. Gaïa et Alaïa savaient que, bientôt, elles devraient rentrer dans leur grand pays. Mais elles ressentirent alors quelque chose d'inhabituel… quelque chose comme une pierre dans leur petit cœur. Non, elles ne pourraient pas partir comme ça… Elles devaient absolument laisser quelque chose d'elles dans cet endroit magique. Mais quoi ? Elles réfléchirent très fort, rêvèrent beaucoup et puis enfin, elles trouvèrent. Elles avaient décidé de planter un arbre. Avec leurs parents, elles allèrent dans un endroit isolé situé derrière une colline. Il y avait des fleurs de toutes les couleurs, des arbustes et des plantes aux formes extraordinaires. Une odeur de résine et d'herbes sèches flottait dans l'air. Un vieux monsieur qui portait un chapeau de paille et une salopette trouée, les conduisit jusqu'à une vieille grille envahie de lierre. Derrière il y avait un petit jardin avec de tout petits arbres alignés en rangées régulières. Certains avaient de grandes feuilles arrondies, d'autres de petites feuilles pointues. Il y avait même de minuscules palmiers dattiers et bananiers. Gaïa et Alaïa les observaient tous, ne sachant lequel choisir. Le vieux monsieur les prit alors par la main et les emmena dans un coin très ensoleillé où poussait, seul au milieu du gazon bien tondu, un petit arbre qui ne ressemblait à aucun autre. Il était ravissant avec ses fruits rouges en forme de cœur et ses feuilles légères qui bruissaient doucement dans le vent. Un petit oiseau jaune, posé sur une des branches, chantait à tue-tête sans se préoccuper des visiteurs. Le vieux monsieur creusa un grand trou tout autour de l'arbre et dégagea les racines avec précaution. Le petit oiseau jaune décida de rester sur son arbre préféré. Gaïa, Alaïa et leurs parents rentrèrent à la maison. Pendant que leur papa creusait un trou dans le jardin, le petit oiseau jaune, un peu intimidé, vint se poser sur l'épaule de leur maman. Enfin le grand moment arriva. Gaïa et Alaïa prirent l'arbre et le plantèrent délicatement à son nouvel emplacement. Puis, l'une après l'autre arrosa le petit arbre qui allait commencer sa nouvelle vie. Le papa de Gaïa et Alaïa alla ranger ses outils. Mais il remarqua, accroché au métal du râteau, un morceau de papier. Alors qu'il s'apprêtait à le mettre dans sa poche, il vit avec surprise que c'était en fait un tout petit livre qui tenait dans le creux de la main. Il l'ouvrit et lut à haute voix le texte minuscule : «Ceci est l'arbre du bonheur, celui qu'on offre aux enfants qui font de beaux et de grands rêves et qui souhaitent de tout cœur qu'ils se réalisent. Cet arbre deviendra magnifique parce que ces enfants l'ont planté avec amour.» Après avoir dit au revoir au petit arbre, Gaïa et Alaïa rentrèrent dans leur grand pays. Mais, dans leur petit cœur de petite fille, il y avait un tout petit arbre qui allait prendre beaucoup, beaucoup de place.