Résumé de la 2e partie Les Strom divorcèrent, les deux grands enfants partirent vivre leur vie. Quant à Simon, il fut adopté par son grand-père paternel. Simon y tient. Une maison, c?est important pour cet enfant déraciné. Alors, le grand-père s'y met. Il refait les volets, décoince les portes, vide les placards et Simon balaie. Simon ressemble un peu au grand-père. Les même cheveux roux, le même regard noisette, mais il est maigre, petit, peureux et sans grand caractère. C'est un enfant qui a peur de tout. Des cris, des coups, des souris, du noir et même de son ombre. Alors, patiemment, le grand-père Hoggy entreprend d?en faire un gosse heureux. Il ne le changera pas tout à fait, mais au moins, il aura essayé. Il dorlote, il ne gronde jamais, il rassure, il apaise, il fait la nounou, la cuisinière, il remplace le père et la mère. D'ailleurs, il n?a pas de mal. Simon écoute aveuglément le grand-père. Il ne s?attarde pas en sortant de l?école. Il ne court pas et ne joue pas comme un fou, pour ne pas se mettre en nage. Il mange sa tartine à cinq heures et ses flocons d?avoine. Il aide le grand-père à faire la lessive. Le vieil homme et l'enfant vivent une histoire d'amour, en somme. Et comme dans toute histoire d'amour, il y a le fort et le faible. Le dominant et le dominé. Grand-père Hoggy est autoritaire, sans s'en rendre compte. Exclusif aussi. Petit Simon est malléable, il se laisse vivre comme dans une bulle, à l?abri de tout. Et son adoration pour l'homme qui l'a pris en charge est sans bornes. Si le temps pouvait s?arrêter là... Mais il faut que Simon grandisse, et que le grand-père vieillisse. C'est là le drame, et il arrive au bout de douze années de bonheur tranquille. C?est en 1960. Grand-père Hoggy a soixante-dix-sept ans, petit Simon vingt-deux. L'atelier de menuiserie est fermé. Il sert de garage à la vieille voiture que Simon a achetée avec sa première paie Comme il a trouvé du travail à la ville, donc à trente kilomètres, son premier souci est de ne pas abandonner le grand-père. La voiture lui permet de rentrer tous les soirs. Simon est magasinier dans une droguerie. Son travail n?est pas trop dur. Heureusement, car à la maison c'est lui qui fait tout. Grand-père Hoggy n?a plus ses jambes, il est pratiquement impotent. Il faut le lever et le coucher, le laver et lui donner à manger. Lui qui était si vaillant prend assez mal la chose. Il grogne et râle jour après jour. «Je t?embête, petit, mais si, mais si... Je deviens gâteux, je m?en rends compte.» Mais au fond il n?en pense rien et il est bien content de ne pas être seul. «J'en connais qui m'auraient mis à l'hospice depuis longtemps, petit.» Simon n'envisage même pas une solution semblable : gâteux ou pas, le grand-père est resté et sera toujours son Dieu, son unique famille. Mais tout de même, un jour... «Grand-père ? Qu'est-ce que tu dirais, si... ? Toi, t'as rencontré une fille...» Le vieux a des yeux et des oreilles, il a beau être gâteux, comme il dit, rien ne lui échappe. Effectivement, Simon a rencontré une jeune fille. Elle n'était pas loin, elle travaillait à la blanchisserie d?en face. C?est une rose, qui s?appelle Rose justement. Un petit bouchon blond et tendre, dodue, et pas méchante... Nanti de l'autorisation de grand-père, Simon emmène sa Rose à la maison. Le grand-père Hoggy apprécie la nouvelle venue : «Alors ? On veut épouser mon fiston ? C'est bien, ça ! Mais il faut me promettre des choses.» (à suivre...)