Réflexe n Le facteur commun entre les différents événements consiste en l'attitude répressive des forces de l'ordre contre des citoyens mécontents. Longtemps étouffés, les Berbères se révoltent un certain 20 avril 1980 revendiquant la reconnaissance de l'authentique identité algérienne. Les événements commencent après l'interdiction, le 9 mars 1980, à Mouloud Mammeri, de donner une conférence sur la poésie berbère à l'université de Tizi Ouzou. Cela suscite l'ire des étudiants, qui manifestent énergiquement, en occupant l'université et en déclarant une grève générale illimitée. Réprimée par l'armée, cette manifestation se solde par 32 morts et des centaines d'arrestations. Le «Printemps berbère» est donc un moment fort de revendication de la reconnaissance de l'identité amazighe, marquant l'opposition de la région au régime en place. Ce dernier fait tout, depuis l'indépendance du pays, pour rallier l'Algérie aux pays arabes au détriment de l'identité authentique de ses habitants. La grève de 1980 est suivie par d'autres mouvements de protestation et le pouvoir finit par faire des concessions. Les personnes arrêtées sont libérées et des promesses faites pour soutenir la culture berbère. Fidèle à sa gestion faite de compromis des préoccupations des citoyens, l'Etat n'a, à ce jour, pas encore satisfait à l'ensemble des revendications, plus de trente ans plus tard ! La reconnaissance de tamazight comme langue nationale, en 2002, n'a pas changé grand-chose, puisque son enseignement se limite à quelques régions du pays et n'a pas une grande importance dans les examens. Les habitants de la région rappellent leurs «doléances identitaires» à l'occasion de chaque célébration des événements du Printemps berbère, mais le pouvoir continue de faire la sourde oreille. La Kabylie n'est, donc, pas à l'abri d'autres soulèvements populaires. La décennie 1980 connaît aussi d'autres manifestations de grande ampleur. Les événements de novembre 1986 à Constantine et à Sétif annoncent la couleur d'une contestation populaire sur une gestion catastrophique des affaires du pays. Le mécontentement de la population est, encore une fois, réprimé par les forces de l'ordre. Les lycées et les résidences universitaires ont aussi leur mouvement de protestation. Pour les lycéens, c'est l'annonce de l'introduction de nouvelles matières dans les épreuves du bac qui crée la colère. Les deux mouvements font une jonction pour transformer Constantine, un certain 8 novembre, en un véritable chaudron. Les affrontements avec la police durent plusieurs jours, font tache d'huile et gagnent plusieurs quartiers de la périphérie comme Djenane-Ezzitoun et Oued El-Had. Plusieurs édifices publics sont saccagés. Le bilan est de trois morts parmi les émeutiers et des centaines d'arrestations. Les émeutes touchent d'autres villes, dont Annaba, Batna, Béjaïa, Blida, Collo et l'université de Bab Ezzouar. Ce sont là les deux principaux événements qui précèdent les manifestations du 5 octobre 1988. La réponse du pouvoir demeure la même : la répression des manifestations faisant des morts et des centaines d'arrestations. Une nouvelle décennie est alors ouverte avec l'instauration du multipartisme et l'ouverture du champ médiatique…