Initiative n L'établissement Arts et Culture organise, dans sa 5e édition, le concours de la meilleure peinture : le Grand Prix Aïcha-Haddad. «Ce concours est, comme chaque année, ouvert à tous les amoureux de la peinture. Il s'adresse à tous les artistes algériens», soulignent les organisateurs. «Chaque participant, expliquent-ils, doit présenter trois œuvres au maximum sans limitation de format et sans thème précis. Le dépôt des œuvres devra se faire avant le 25 février 2011 au niveau de la Galerie d'arts sise au 84 rue Didouche-Mourad, Alger. La remise des prix se fera le 8 mars 2011 coïncidant avec la célébration de la Journée mondiale de la femme.» Les organisateurs expliquent l'importance de ce concours en déclarant : «C'est une façon de promouvoir la peinture à travers notamment de jeunes talents. Notre souci est de découvrir et de soutenir la jeune création.» Ce concours est également «un hommage à la plasticienne Aïcha Haddad, l'une des doyennes de la peinture algérienne, qui a marqué son histoire, auprès de Baya et d'autres femmes peintres». Ainsi, l'établissement Arts et Culture s'emploie chaque année à rendre un hommage à la carrière et à l'engagement de l'artiste au service de l'art algérien et ce, par le biais de ce concours qui vient récompenser la meilleure peinture féminine. En effet, Aïcha Haddad, dont une salle du Musée National des Beaux-Arts d'Alger porte aujourd'hui le nom, a marqué, autant par son charisme que par son dynamisme artistique, c'est-à-dire par sa sensibilité créatrice, la peinture algérienne, notamment auprès des jeunes générations d'artistes peintres. C'était une artiste prolifique, regorgeant d'imagination et de vitalité, à l'inspiration sans cesse renouvelée ; elle ne s'arrêtait jamais de travailler, de créer ; elle composait des peintures, parfois des objets d'arts (sculptures et collage). Son œuvre plastique est à la fois figurative et impressionniste, abstraite aussi, le tout s'insérant dans la dynamique d'un art résolument moderne. Son art était aussi bien créatif qu'authentique, particulièrement élégant, carrément vivant et d'une grande sensibilité. Un art subtil, à forte charge émotionnelle et très original. L'originalité de son œuvre picturale va porter à la fois sur la facture et le matériau utilisé (toile, bois, métal, clés, CD, sabliers, montres…) pour traiter divers sujets qui, pour la plupart classiques, semblent occuper le centre de son inspiration (paysages de bords de mer, désert à Ghardaïa, portraits aux visages rêvés de femmes kabyles, de guerriers touareg, et les cavalcades ancestrales...). Elle s'intéresse aussi à la condition humaine. La particularité d'Aïcha Haddad consiste en cette harmonie de travailler la matière : elle s'attache à l'expression et la sensation du mouvement et de la couleur au point d'absorber le sujet dans l'abstraction des structures. Elle en livrait des œuvres dépouillées et au message universel. En somme, Aïcha Haddad avait fait de sa peinture un langage. Elle ne s'exprimait qu'à travers son art dans lequel elle déployait toute sa créativité. Aïcha Haddad est née à Bordj Bou-Arréridj en 1937. En 1954, alors étudiante infirmière et âgée à peine de 17 ans, elle sera l'une des premières femmes à rejoindre les rangs de l'ALN (Armée de Libération Nationale). En 1956, au terme de ses études, elle rejoindra le maquis et participera au Congrès de la Soummam. Elle sera arrêtée par l'armée coloniale puis internée pendant plus de quatre ans.En 1962, à sa libération, elle s'installe à Alger et entame des études d'art dans la classe de Camille Leroy, à la Société des Beaux Arts d'Alger. A partir de 1966 et jusqu'en 1988, Aïcha Haddad poursuit une longue carrière dans l'enseignement des arts plastiques au Lycée Omar-Racim d'Alger. De 1983 à 1988 elle occupe le poste d'inspectrice de l'Education nationale. En 1972, sa première œuvre présentée dans le cadre d'une exposition collective à l'ex-Galerie des Quatre-Colonnes à Alger est primée au Concours de la Ville d'Alger. Parallèlement à sa vocation d'enseignante, elle mène une vie de femme engagée dans le milieu artistique algérien et devient en 1973, membre de l'Union nationale des arts plastiques (Unap) et en 1975, membre de l'Union générale des peintres arabes (Ugpa). Entre 1974 et 2002, se succéderont expositions personnelles et collectives tant en Algérie qu'à l'étranger. En 2005, Aïcha Haddad nous quitte, elle nous laisse une œuvre magistrale, inégalée.