Si le suicide a toujours existé chez nous comme partout ailleurs dans le monde, il n'a jamais pris cette ampleur, non seulement par la fréquence des cas, mais aussi par la forme extrêmement violente qu'il a pris, à savoir l'immolation par le feu. Il suffit d'imaginer ce qu'endure le suicidé comme souffrances avant de rendre l'âme pour avoir une idée du degré de désespoir qui peut pousser à un tel acte. L'immolation par le feu, en tant que forme de suicide, a fait son apparition en Algérie en mai 2004. Djamel Taleb, las de la «hogra» d'un système bureaucratique déshumanisé, s'est immolé par le feu dans l'enceinte de la maison de la presse Tahar-Djaout, prenant ainsi le monde à témoin. A l'époque, son acte avait fait la Une des journaux. En voici un extrait : «Transformé en torche, le malheureux a couru sur une dizaine de mètres avant de s'effondrer. Etendu sur le sol, il râlait et suppliait à haute voix les journalistes présents de transmettre son message.» Djamel Taleb parlait d'injustice, de «hogra» (mépris) et de sacrifice. Il a succombé à ses blessures trois jours après son admission à l'hôpital. C'était il y a sept ans. Le plus étonnant est que depuis le début du mois de janvier dernier, des tentatives similaires se multiplient un peu partout à travers le pays. Les raisons qui motivent ces actes de désespoir sont les mêmes que celles du jeune Taleb. Depuis 7 ans, elles perdurent.