A l'heure où nous mettons sous presse, la marche qui devait avoir lieu de la place du 1er-Mai jusqu'à la place des Martyrs, n'a pu se dérouler. Les forces de l'ordre, mobilisées en grand nombre, ont bloqué les manifestants et des heurts ont été signalés. Au moment où nous mettons sous presse, plusieurs centaines de citoyens étaient déjà sur place répondant à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd) pour une marche qui, pour rappel, a été interdite par les autorités publiques. Devancés par les leaders de la Cncd à l'instar de Ali Yahia Abdenour, Saïd Sadi et les députés de RCD, et Mokrane Aït Larbi, les citoyens scandaient des slogans hostiles au régime tels que «Bouteflika dégage», «Le peuple veut la chute du pouvoir», «On en a marre de ce pouvoir», ou encore «Pouvoir dégage et la jeunesse s'engage». Selon Me Bouchachi une centaine de personnes ont été arrêtées par les forces de l'ordre avant d'être relâchées. D'après lui, certaines personnes ont été malmenées dont une femme enceinte. Quelques minutes auparavant Me Ali Yahia Abdenour a animé un point de presse rappelant les principales revendications de la coordination. «On veut le changement du régime et pas le changement dans le régime», a-t-il lancé. D'après lui, le changement doit être radical et pas seulement en enlevant l'état d'urgence. «Le régime algérien est pire que ceux de l'Egypte et de la Tunisie», clame-t-il. Le porte-parole de la Cncd appelle à des élections libres qui permettront au peuple de choisir librement ses représentants. De telles élections l'Algérie ne les a pas connues, affirme-t-il, depuis l'Indépendance du pays le 5 juillet 1962. Convaincu que «l'année 2011 sera celle du changement dans le monde arabe», le porte-parole de la Cncd exhorte les citoyens à maintenir la pression sur le régime en résistant pacifiquement aux «intimidations». Les manifestants essayaient sans succès, vers 12h, de forcer le cordon de sécurité. Ils étaient divisés en plusieurs groupes entourant chacun l'un des initiateurs de la marche. Pour rappel, les initiateurs de la marche revendiquent «le changement et la démocratie, la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus des émeutes de janvier, le travail et la justice sociale et la libération des champs politique et médiatique». Ali Belhadj crée la surprise L'apparition de Ali Belhadj a surpris plus d'un. Tout le monde pensait en effet qu'il était en détention. Apparu ce matin au milieu de la foule pour renforcer les rangs des manifestants, Ali Belhadj a été vite entouré par certains manifestants. D'autres n'ayant pas apprécié sa présence sur la scène, ont évité même de l'approcher. Au moment ou nous mettons sous presse, Ali Belhadj n'a fait aucune déclaration aux journalistes . Bouchachi «2011, c'est l'année du changement dans le monde arabe» «La marche d'aujourd'hui est pacifique, normalement ça ne nécessite pas un tel dispositif sécuritaire » ! , s'alarme, le président de la LADDH, Maître Bouchachi , dans une déclaration à InfoSoir. Nous assistons a une forme de répression sauvage, poursuit-il . « Aujourd'hui nous faisons que transmettre les revendications légitimes du peuple algérien». Les algériens doivent jouir de tous leurs droits civiques, notamment le logement, le travail, l'indépendance de la justice… » , s'est contenté de dire . plus loin , il exhorte les pays étrangers, notamment la France d'intervenir sur cette affaire politique . « Les peuples occidentaux, notamment la France, doivent exercer de la pression aux pays arabes pour qu'il ait changement immédiat » Les pro-Bouteflika Environ une centaine de jeunes contre-manifestants criaient haut et fort leur soutien au Président Abdelaziz Bouteflika : «Bouteflika n'est pas Moubarak», en référence à la chute, la veille, du Président égyptien Hosni Moubarak. Maître Ali Yahia Abdenour «Bouteflika n'est pas un Président légitime» Dans une déclaration à InfoSoir, ce matin, Maître Ali Yahia Abdenour dira en substance : « Abdelaziz Bouteflika n'est pas unPrésident légitime ». Et de poursuivre : «L'ancien ministre des Collectivités locales, Yazid Zerhouni , a violé la Constitution 63 fois. La marche d'aujourd'hui est «la marche du peuple algérien qui ne veut plus du pouvoir». C'est une première initiative qui sera suivie sans aucun doute, par d'autres manifestations à l'avenir proche». Maître Ali Yahia Abdenour estime qu'il faut des élections libres et transparentes en Algérie. «La loi du peuple doit triompher et les dirigeants doivent rendre des comptes au peuple», a-t-il martelé. «Nous allons marcher où nous voulons et quand nous voulons», a déclaré pour sa part Nacer Ait Hamouda, député RCD . « 155 milliards de dinars, la douar, la dinar… » Tel est le slogan scandé par, Amazigh Kateb qui était chaleureusement accueilli par les manifestants ce matin. « Je suis avec le peuple Algérien et pour la délivrance des peuples, et nous sommes heureux et fiers du peuple Tunisien et Egyptien qui ont remporté la victoire » . « Tous les artistes algériens sont pour les libertés que revendiquent les peuples » , a déclaré cet artiste, fils du grand écrivain Kateb Yacine. Echauffourées Sur la place du 1er Mai, les échauffourées entre les manifestants et les agents de police ont commencé déjà avant 11h, heure fixée pour le début de la marche. Et Maître Ali Yahia Abdenour, malmené, a eu un malaise, vu son âge avancé. « Comment pouvez-vous vous comporter ainsi avec un vieux ?», s'est indigné Maître Bouchachi, président de la ligue pour la défense des droits de l'homme (LADDH). « C'est un régime policier », a déclaré à InfoSoir Said Sadi. Un dispositif impressionnant Un dispositif sécuritaire impressionnant a été mis en place dans la capitale dès les premières heures de la journée : Camions blindés, policiers en civil et en uniforme surveillant les sorties et entrées d'Alger. Tous les accès menant à Alger ont été fermés depuis hier et les citoyens venus des villes de l'intérieur ne pouvaient pas rentrer à Alger.