Un millier de clandestins tunisiens sont arrivés dans la nuit d'hier sur l'île italienne de Lampedusa. Cette vague vient s'ajouter à celles qui ont déferlé sur les côtes italiennes depuis quelques jours, amenant les autorités de Rome à décréter l'état d'urgence humanitaire. Alors que la Tunisie s'apprête à fêter demain, lundi, un mois de la chute du régime de fer de Zine El Abidine Ben Ali, près de 5 000 immigrants clandestins, essentiellement des Tunisiens, ont débarqué au cours des quatre derniers jours à Lampedusa, a indiqué hier, samedi, le commandant de la capitainerie du port de la petite île italienne. Dans la traversée, un jeune Tunisien s'est noyé et un autre est porté disparu au large de Zarzis, dans le Sud-Est tunisien, a rapporté l'agence officielle TAP. L'Italie a demandé avant-hier, vendredi, l'aide de l'Union européenne et «le déploiement immédiat d'une mission Frontex d'interception et de patrouille au large des côtes de Tunisie pour le contrôle des flux», mettant en garde contre le risque d'une «crise humanitaire». Cet exode intervient alors que le gouvernement tunisien de transition semble dépassé dans un pays en totale reconstruction, après la chute du régime du Président Ben Ali. «Le problème est que l'accord bilatéral que nous avons avec la Tunisie, qui permettait jusqu'à présent de gérer efficacement l'immigration illégale, n'est pas appliqué en raison de la crise», avait expliqué avant-hier le ministre italien de l'Intérieur. Le gouvernement reste toujours sous forte pression politique et sociale. Les couches sociales les plus défavorisées se montrent de plus en plus impatientes, en particulier dans les provinces de l'intérieur. A Tunis, plusieurs centaines de magistrats et avocats ont manifesté hier devant le palais de Justice pour revendiquer leur droit à l'indépendance. D'autres ont manifesté devant le gouvernorat de Tunis pour réclamer des aides de toutes sortes. Et sur le plan politique, le débat fait rage entre les tenants d'une normalisation rapide avec des élections présidentielle et législatives dans six mois et ceux qui mettent en garde contre une «confiscation» de la révolution, plaidant pour un report d'au moins un an. Italie : un millier sont arrivés dans la nuit d'hier Un millier d'immigrants tunisiens sont arrivés illégalement dans la nuit d'hier (samedi à dimanche) sur l'île italienne de Lampedusa, selon les gardes-côtes italiens. «Depuis minuit, 977 personnes sont arrivés à Lampedusa», a déclaré ce dimanche matin le commandant du port de Lampedusa Antonio Morana, alors que deux autres embarcations se rapprochaient de la petite île. «La situation est difficile», a reconnu le commandant Morana, «les débarquements se poursuivent à un rythme incessant». La mer calme et le beau temps favorisent ces départs depuis la Tunisie d'embarcations chargées d'immigrés clandestins. Le gouvernement italien a proclamé hier l'état d'urgence humanitaire «mais cela ne suffit plus, nous devons mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et des hélicoptères» pour contrôler la côte tunisienne, a jugé dans une interview au Corriere della Sera de ce dimanche le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini. Les clandestins tunisiens recevront de l'aide «mais ils ne peuvent pas rester sur le territoire italien», a souligné le chef de la diplomatie italienne, indiquant qu'ils seront rapatriés.