Mauvais calcul n Une grande partie des petites et moyennes entreprises (PME) évite d'assurer l'ensemble de leurs biens, car cela coûte cher. C'est par souci de réduire toujours plus les dépenses que les responsables au sein des entreprises, auxquels incombe, entre autres responsabilités, celle de contracter des assurances contre les risques industriels, s'en tiennent à protéger seulement un petit pourcentage de leur patrimoine. Des assurances qui pourraient pourtant leur éviter bien des déboires en cas de sinistre majeur. Les spécialistes de la question avertissent pourtant que, dans ce domaine, le risque zéro n'existe pas. C'est là une négligence dont les conséquences pourraient s'avérer désastreuses... En effet, lorsqu'une partie du patrimoine seulement est assurée, la compagnie d'assurance ne rembourse que la partie incluse dans le contrat en cas de désastre. «Les PME, qui représentent plus de 75% du tissu industriel national, doivent faire appel à des experts afin d'évaluer le sinistre maximum probable. Certaines entreprises n'assurent que 10% de leur matériel, et en cas de sinistre majeur, elles sont paralysées et il leur est pratiquement impossible de reprendre leur activité», a expliqué récemment Abdellah Ghenna, expert, lors d'un séminaire organisé par la Compagnie algérienne d'assurance et de réassurance (Caar) à l'hôtel El-Aurassi. La mission de l'expert consiste à identifier les risques auxquels est exposée l'entreprise, les signaler à la compagnie d'assurance et, le cas échéant, conseiller le responsable de l'entreprise. Cependant, ni l'expert ni la compagnie d'assurance ne peuvent imposer aux responsables des entreprises de couvrir l'ensemble des risques en matière d'assurance. «La compagnie d'assurance prend en charge seulement ce qui est inclus dans le contrat d'assurance. En d'autres termes, seuls les sinistres probables déclarés seront remboursés», a insisté M. Ghenna. Les effets irrémédiables de l'inconscience dont font preuve les responsables des PME, généralement des entreprises familiales créées dans le cadre des différents dispositifs de soutien mis en place ces dernières années par les pouvoirs publics, avaient apparu clairement lors du séisme qui a endeuillé la wilaya de Boumerdès en mai 2003. «Après le séisme, des experts ont découvert qu'un grand nombre des entreprises n'avaient déclaré qu'une partie insignifiante de leur patrimoine réel. Des conflits sont alors survenu. Quoi qu'il en soit, les compagnies d'assurance n'ont remboursé que les biens déclarés, sans plus», a révélé M. Ghenna. N'était l'aide financière octroyée par l'Etat à ces entreprises, elles n'auraient jamais pu reprendre leur activité. Par ailleurs, Brahim Djamel Kassali, P-DG de la Caar, a tenu à lancer un message de sensibilisation. «Nous voulons proposer des garanties adaptées aux risques des PME qui doivent, à leur tour, s'intéresser plus en amont, c'est-à-dire engager de très bonnes expertises pour l'évaluation des risques et du patrimoine et prendre, parallèlement, les mesures de protection nécessaires», a-t-il souligné. Seules deux formes d'assurance sont effectivement obligatoires : l'assurance contre les catastrophes naturelles et l'assurance responsabilité civile. Aujourd'hui, la balle est dans le camp des chefs d'entreprises et il leur revient de considérer l'importance d'assurer leur patrimoine dans sa totalité, afin de se mettre à l'abri en cas de sinistre.