Ibrahim Taouti avocat au Danemark et au Barreau d'Alger Ibrahim Taouti avocat au Danemark et au Barreau d'Alger Certes, plusieurs chefs d'entreprises pensent que la RSE n'est qu'une question sur la manière de dépenser de l'argent pour des questions qui ne devraient pas être sur l'ordre du jour d'entités commerciales, dont l'objet est de fabriquer du bénéfice pour les actionnaires et autres associés. La réserve prédominante chez eux focalise sur les coûts à court terme de la RSE, même si celle-ci vise la réduction des impacts négatifs des activités sur la communauté et sur l'environnement et, à moyen et long terme, l'assurance d'un bénéfice légitime plus important. Or, il n'y a pas de doute que la santé des affaires à long terme est liée à celle de la société dans son ensemble, et il existe autant de risques à éviter que de niches d'économies à réaliser. Citons une dizaine de risques qu'une entreprise socialement responsable évite et citons aussi une douzaine d'opportunités de gains qui peuvent s'offrir à elle: Les types de risques économiques, financiers, sociaux, juridiques, environnementaux et politiques que l'entreprise ignorant sa RS peut subir peuvent être résumés en vrac comme suit: 1. accroissement des risques de procès (civils, commerciaux, administratifs, criminels) contre l'entreprise et sa direction 2. risque de perte des collaborateurs talentueux 3. perte d'investisseurs potentiels recherchant un investissement éthique 4. capitaux chers auprès des banques et polices d'assurances plus coûteuses 5. déclin de la valeur courante des parts sociales ou actions La RSE présente des opportunités sans précédant pour développer des activités à long terme. C'est le moment pour les chefs d'entreprises de mettre la RSE sur leur agenda. 6. perte de clients et de partenariat d'affaires 7. perte de possibilités de jouir des procédures de stimulation des commandes et donc de contrats publics et des institutions internationales (Banque mondiale, Union européenne, Banque européenne pour la reconstruction et le développement, etc.) 8. perte d'associés 9. exposition aux campagnes de dénonciation et aux listes noires 10. perte de valeur de la marque. Les types d'opportunités que les entreprises ignorant leur RS risquent de perdre sont: 1. réputation de la société, laquelle devient positive avec la RSE, ce qui augmente la valeur des parts sociales ou actions de capital 2. attrait des compétences et des talents supérieurs pour l'entreprise ayant une RS 3. obtention du statut d'associé de qualité aux yeux de toute autre entreprise 4. satisfaction des clients devenant plus fidèles à l'entreprise qui les respecte 5. amélioration de la gestion des risques (juridiques, financiers, politiques, sociaux, médiatiques, etc.) 6. augmentation de la satisfaction professionnelle des employés, et assurance donc non seulement de leur fidélité et de leur identification à l'entreprise mais aussi d'une plus grande productivité 7. accès plus favorable aux marchés monétaires et financiers nationaux et internationaux 8. réduction des primes d'assurances 9. attraction de l'investissement socialement responsable (SRI), qui s'accroît mondialement 10. établissement d'une bonne base de rapports avec les services publics et avec la communauté 11. occasion de mieux gérer ses relations publiques et son marketing 12. contribution au développement de marchés sains et plus stables. Par conséquent, les grandes PME et les EPE peuvent, sans attendre l'Etat, prendre l'initiative en tant que leaders de leurs secteurs, les seules capables de constituer une force d'entraînement pour le développement durable. Ceci exige de leur part, outre une volonté ferme, une organisation interne sérieuse au plus haut niveau de direction, chacune à son rythme, ainsi qu'une coordination et une collaboration à l'externe dans la même filière ou à travers les différents secteurs. La raison est que certaines entreprises sont mieux placées que d'autres pour défier certaines questions. D'autres questions seront mieux approchées au niveau de tout un secteur ou à travers plusieurs secteurs. D'autres questions encore seront mieux abordées si elles sont laissées au gouvernement ou aux organisations de la société civile. En effet, la stratégie RSE permet d'identifier les besoins et les secteurs sociaux prioritaires où l'entreprise a les plus grandes possibilités d'être efficace à court terme(9). Chaque entreprise sera contrainte de penser à son devenir. Va-t-elle survivre et durer ou disparaître à plus ou moins brève échéance? Ses fournisseurs et clients lui exigeront de se déterminer, ses employés se sentiront plus engagés avec une entreprise durable, et seront donc plus productifs en s'identifiant à l'entreprise responsable et, et ce n'est pas la moindre exigence, les générations futures en dépendent! La RSE présente des opportunités sans précédant pour développer des activités à long terme. C'est le moment pour les chefs d'entreprises de mettre la RSE sur leur agenda. Le lien entre le développement durable et l'entreprise responsable grace à l'approche des 'parties prenantes' est une opportunité du 21e siècle. Sa traduction par la RSE a eu et continue d'avoir un succès sans précédant. La démonstration en est illustrée par une large pratique des plus grandes entreprises du monde (de 500 à 1000 firmes dont BP, Ericsson, Nokia, Shell, Volvo, Novo Nordisk, etc.) et depuis plusieurs approches, notamment celle de Global Compact des Nations Unies. Elle devient l'objectif de la plupart des PME européennes, car c'est la plus efficace méthode de management en matières d'innovation, d'évitement des risques, de création d'opportunités et une source de plus-value et de profit social mutuel. Pour être efficace, l'adoption d'une stratégie RSE algérienne de la part des grandes PME et les EPE doit se baser sur les mêmes techniques de management qu'elles utilisent déjà couramment pour réaliser leur chiffre d'affaires. Elle découvriront que la RSE n'est pas autant une question de coût, de charité ou de contrainte qu'une question d'avantages financiers et sociaux garantis, d'anticipation des risques, de source d'opportunités d'affaires, d'innovation et d'avantages compétitifs. L'effet immédiat est une meilleure image de l'entreprise, L'Etat a promulgué une dizaine des lois dans le cadre du développement durable, mais seulement pour son aspect protection de l'environnement(10). La fiscalité écologique existe depuis le 1er janvier 2005(11). Mais sur le plan de la promotion de l'humain, il reste en retard. Or le développement durable repose sur une législation qui porte en même temps sur les trois piliers bien connus: Profit (économie); Population (droits humains) et Planète (environnement). ainsi que l'autorisation implicite de la société pour qu'elle fasse durablement du profit légitime. L'adoption de la RSE permet de s'assurer, en outre, le privilège du choix par le partenaire étranger tant pour vendre, pour monter une joint-venture, co-investir que pour sous-traiter. Nos PME seront incontestablement mieux armée pour affronter la rude compétitivité qui a commencé. Pour la RSE des micro-entreprises et petites PME, la première initiative néanmoins reste au gouvernement. A défaut, les perspectives de démantèlement tarifaire suite à l'ouverture économique et la concurrence des PME étrangères et des groupes industriels internationaux risquent de leur être fatales. Leur majorité est peu dotée en ressources, et aussi en connaissances techniques. L'Etat a promulgué une dizaine des lois dans le cadre du développement durable, mais seulement pour son aspect protection de l'environnement(10). La fiscalité écologique existe depuis le 1er janvier 2005(11). Mais sur le plan de la promotion de l'humain, il reste en retard. Or le développement durable repose sur une législation qui porte en même temps sur les trois piliers bien connus: Profit (économie); Population (droits humains) et Planète (environnement). Et si le gouvernement a pris des initiatives louables pour l'environnement, l'initiative de développement du profit légitime reste parcellaire(12), alors que celle du développement humain demeure orpheline d'une vision stratégique. 9. Il y a en effet des secteurs où les entreprises doivent prêter une plus grande attention à certains aspects plus qu'à d'autres. 10. Loi 11-99 du 23 décembre 1999 portant loi des finances 2000 et décret-exécutif 192-00 du 16 juillet 2000 fixant les modalités de fonctionnement du compte d'affectation spéciale destiné au Fonds de promotion de la compétitivité industrielle (JO 43 du 19 juillet 2000); loi 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets; loi 01-20 du 12 décembre 2001 relative à l'aménagement du territoire dans le cadre du développement durable; loi 02-02 du 5 février 2002 relative à la protection et à la valorisation du littoral; loi 10-03 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable; loi 20-04 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable; loi 03-04 du 23 juin 2004 relative à la protection des zones de montagne dans le cadre du développement durable; loi 09-04 du 14 août 2004 relative à la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement durable, etc. 11. Taxe de 24.000 da/tonne de déchets liés aux activités de soin des hôpitaux et cliniques et de 10.500 da/tonne de déchets industriels dangereux stockés. D'autres dispositions fiscales existent depuis les lois de finances de 2000, 2002, 2003 et 2004. 12. Selon la loi n° 01-18 du 12 décembre 2001 d'orientation sur la promotion de la PME, il y a par exemple des mesures réglementaires qui sont prévues mais qui à notre connaissance n'ont pas encore vu le jour (article 17 pour la passation des marchés publics, qui oblige les services concernés de l'Etat à soumettre une proportion des marchés à une concurrence inter-PME et article 18, qui, dans le cadre de l'habilitation des PME, prévoit des programmes de développement de leur compétitivité conformément aux normes internationales).