Contestation n Un nouveau manifestant est décédé ce jeudi matin des suites de ses blessures, portant à quatre le nombre de tués dans l'assaut des forces de sécurité. Les forces anti-émeutes ont dispersé dans la nuit de mercredi à jeudi des manifestants qui campaient dans le centre de Manama pour réclamer des réformes. «Issa Abdel Hassan, 60 ans, touché à la tête, est décédé», a déclaré un député du mouvement chiite al-Wefaq. Auparavant, M. al-Aswad avait fait état de trois morts à la suite de l'intervention des forces de l'ordre. Selon lui, 95 personnes ont été blessées dans l'assaut, dont «quatre ou cinq grièvement». Ces quatre décès portent à six le nombre de morts à Bahreïn depuis le début du mouvement de contestation, lundi, à l'initiative d'internautes qui ont appelé sur Facebook à des manifestations pour réclamer des réformes politiques et sociales à Bahreïn, dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Egypte. D'après les témoignages de plusieurs personnes qui ont passé la nuit sur la place de la Perle, les forces anti-émeutes ont attaqué les protestataires subitement, faisant notamment usage de gaz lacrymogènes, mais également, selon l'opposition, de balles en caoutchouc et de balles à fragmentation. «Ils ont attaqué la place où des centaines de personnes dormaient sous des tentes». Les forces de sécurité ont réussi à déloger les protestataires qui s'étaient rassemblés sur la place de la Perle depuis mardi, après la mort de deux jeunes chiites lors de la dispersion de manifestants anti-gouvernementaux dans ce petit royaume du Golfe. La place avait été rebaptisée par les manifestants «Tahrir» (Libération), comme celle du Caire qui a été l'épicentre du soulèvement ayant provoqué la chute du Président Hosni Moubarak. Jeudi à l'aube, des policiers démontaient les tentes érigées par les manifestants sur la place, qui avait été évacuée et était toujours recouverte d'une épaisse fumée en raison de l'usage des gaz lacrymogènes. Des détonations, ainsi que les sirènes des ambulances avaient été entendues à quelques centaines de mètres de la place lors de l'assaut, alors qu'un hélicoptère survolait le secteur. A l'hôpital Salmaniya, principal établissement hospitalier de Manama, des blessés continuaient à arriver, par ambulances ou par voitures particulières, plus de trois heures après l'assaut et le personnel était débordé. Le chef de l'opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, a affirmé ce jeudi que l'assaut des forces de sécurité contre les protestataires à Manama aura des conséquences «catastrophiques». «Cette attaque était une décision erronée qui aura des répercussions catastrophiques sur la stabilité de Bahreïn», a-t-il déclaré, ajoutant que «les solutions sécuritaires ne peuvent pas résoudre les crises». Cheikh Salmane, chef de l'Association de l'Entente nationale islamique (Aeni), ou Al-Wefaq, qui compte 18 élus à l'assemblée, sur 40 sièges, a affirmé que l'assaut contre les contestataires qui campaient sur la place de la Perle à Manama était «une attaque sauvage et injustifiée contre un rassemblement pacifique». Des blindés près de la place de la Perle Des dizaines de blindés de l'armée étaient déployés ce jeudi en milieu de journée aux abords de la place de la Perle à Manama, où les forces anti-émeutes ont dispersé dans la nuit des protestataires anti-gouvernementaux, ont indiqué des témoins. Les blindés ont pris position le long d'une avenue qui jouxte la place. L'un des témoins a précisé avoir vu plus tôt dans la matinée une colonne de blindés qui faisait mouvement du nord de Bahreïn vers Manama.