Le vol de bébés des disparus pendant la dictature argentine (1976-1983) est jugé pour la première fois à partir de demain, lundi, à Buenos Aires en tant que «plan systématique», un crime inouï ayant eu pour résultat d'ôter leur identité à quelques 500 enfants. Deux anciens dictateurs, Jorge Videla et Reynaldo Bignone, seront sur les bancs des accusés aux côtés de six autres militaires. Quelques 80 témoignages permettront de comprendre comment les bébés étaient volés dans des maternités clandestines dans le cadre d'un plan systématique conçu en haut lieu. Ces maternités fonctionnaient au cœur des centres de torture : à l'Ecole de Mécanique de la Marine (Esma), le plus emblématique, mais aussi dans plusieurs autres. Les femmes étaient maintenues en vie tant qu'elles étaient enceintes. Mais elles étaient le plus souvent tuées dès qu'elles accouchaient, jetées vivantes à la mer depuis des avions militaires. Le bébé était remis à un militaire ou à un proche d'un militaire. Quelque 500 bébés ont été volés au total. Seuls 102 ont à ce jour retrouvé leur identité grâce aux recherches. Quelque 5 000 personnes ont été détenues et torturées à l'Esma, dont à peine une centaine a survécu. En tout, environ 30 000 personnes ont été tuées pendant la dictature argentine.