Nomination n Béji Caïd Essebsi, réputé pour être un libéral, a été nommé, hier, Premier ministre de Tunisie, en remplacement de Mohamed Ghannouchi, contesté pour avoir été le dernier chef du gouvernement du Président déchu, Zine El-Abidine Ben Ali. Le Premier ministre de transition en Tunisie, Mohammed Ghannouchi, a démissionné, hier, sous la pression de la rue, et a été remplacé par un ancien ministre, Béji Caïd Essebsi, qui aura la délicate tâche de mener le pays jusqu'aux élections prévues avant la mi-juillet. «Caïd Essebsi est connu pour son patriotisme, sa fidélité et son abnégation au service de la patrie», a indiqué le président par intérim, Foued Mebazaâ, qui a rendu hommage au démissionnaire, pour avoir «servi la Tunisie dans les circonstances délicates qui ont suivi la chute du Président Ben Ali». Réputé pour être un libéral, Béji Caïd Essebsi a occupé plusieurs postes ministériels sous la présidence de Habib Bourguiba, père de l'indépendance de la Tunisie, occupant notamment les portefeuilles de la Défense et des Affaires étrangères. M. Ghannouchi a été emporté par 48 heures de contestations et de violences qui ont fait au moins cinq morts à Tunis, seulement un mois et demi après la chute du Président Zine El-Abidine Ben Ali. «J'ai décidé de démissionner de ma fonction de Premier ministre. Je ne serai pas le Premier ministre de la répression», a déclaré M. Ghannouchi, qui, lors d'une conférence de presse, a mis en garde contre «un complot» tramé contre «la révolution». La démission de Mohammed Ghannouchi, contesté pour avoir été le dernier chef de gouvernement du Président déchu, Ben Ali, a été accueillie avec soulagement, hier après-midi, dans les milieux politiques à Tunis. «Nous nous attendons à la formation d'un nouveau gouvernement transitoire, en rupture totale avec l'ancien régime et qui fera l'objet d'une entente entre toutes les forces politiques dans le pays» a déclaré l'opposant de gauche, Hamma Hammami. La démission de M. Ghannouchi est la conséquence de «l'incapacité du gouvernement à mettre fin à la violence et à son hésitation», a commenté le secrétaire général adjoint de l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt), Ali Ben Romdhane. L'Ugtt, en pointe dans la contestation du régime de Ben Ali, est très influente dans le pays, grâce à sa représentativité dans les différentes régions du pays. «Comment peut-on s'assurer l'entente souhaitée pour sortir la Tunisie de la situation difficile lorsque le président ne se donne pas au moins 24 heures pour des consultations sur la désignation d'un Premier ministre, quel qu'il soit ?», s'est interrogé le même syndicaliste. Hier, le cœur de la capitale tunisienne avait encore des allures de champ de bataille. Scandant des slogans hostiles au gouvernement, des protestataires avaient tenté de s'approcher en petits groupes du ministère de l'Intérieur, sur l'avenue Habib Bourguiba, épicentre des émeutes, auquel ils s'étaient déjà attaqués la veille.