Participation n Khalti Kheira, un nom et une silhouette qui ont marqué toutes les cérémonies officielles, toutes les célébrations à caractère féminin dans la ville des Roses. Son souvenir revient à l'occasion du 8 Mars, Journée internationale de la femme. Reconnaissance des mérites de cette femme décédée à 62 ans en novembre dernier et qui avait animé tant de soirées de ramadan, notamment pour Arabsat dans le cadre d'un reportage sur les traditions algériennes. Couscous, pâtes alimentaires, plantes médicinales, eau de rose, eau de fleur d'oranger, elle avait plusieurs cordes à son arc et autant de modestie et d'ouverture d'esprit. Elle n'apostrophait jamais les gens et demeurait à l'écoute dans sa modeste maison sise à l'impasse Sahraoui du quartier Bab Khouikha, actuellement Cherif-Chalabi. On venait de toutes les cités de la ville et même de la commune pour quémander un remède contre l'eczéma, la toux, les maux de tête et on repartait avec une «ordonnance» bio qui rajoutait à la célébrité de cette femme qui, de ce fait, augmentait le cercle de sa clientèle. Les différentes plantes médicinales du piémont de l'Atlas tellien n'avaient point de secrets pour elle et les nombreuses expositions auxquelles elle avait participé faisaient ressortir ce savoir-faire blidéen qu'auront du mal à perpétuer les générations actuelles ou à venir. La qaâda blidéenne, vécue à travers une émission télévisée avec circoncision, chants, sucreries et boissons naturelles, demeure un pic de satisfaction pour les familles ayant approché cette grande dame, partie sans avoir eu la satisfaction d'occuper un logement décent, tant promis par les responsables et les officiels qui louaient son art pluriel et qui récupéraient les dividendes issus des expositions réussies à l'occasion de journées comme celle de ce 8 Mars où son ombre planait. Comment se fait-il que les industriels et artisans de Blida n'ont pas profité de son savoir-faire pour la distillation de l'eau de rose ? Qu'est-ce qui a empêché d'autres personnes de prendre la relève pour la préparation des sirops et autres remèdes ? Quelque part, un immense patrimoine a été perdu à jamais. Même les discussions à bâtons rompus où se mêlaient les expressions et mots purement locaux que l'on apprécait tant lors des fêtes, des soirées, des rencontres de tous genres, ont disparu avec la perte de cette grande dame. Elle symbolisait la tradition familiale, sa présence était le gage d'une soirée réussie, notamment durant le ramadan et chaque officiel imposait presque sa présence lorsqu'il s'agissait de montrer ce qui faisait la spécificité de la ville ou de la région de Blida. Qu'en est-il aujourd'hui ? En ce 8 Mars, aucun hommage n'a été rendu à Khalti Kheira. Mais que cela ne nous empêche pas d'avoir une pensée pour son mari resté totalement seul.