Nostalgie n « Chaque maison avait au moins son propre citronnier ou néflier, raison pour laquelle la confiture se préparait à volonté et se conservait dans des jarres en terre cuite ou en bois », Le ramadan se prépare à Koléa depuis la première semaine de chaâbane. Les femmes se concentrent sur quatre grandes missions : le grand nettoyage, la conservation, la préparation de leur propre vinaigre et eau de fleur d'oranger et la sadaka. En effet, c'est la touiza à tour de rôle qui s'impose dans le nettoyage. «Chaque jour, on va chez une famille, généralement une doyenne de la même famille ou du quartier pour lui nettoyer la maison, lui préparer la vaisselle du ramadan et lui faire la peinture ‘'el djir''», nous dit khalti Cherifa qui regrette que ces gestes se font rares aujourd'hui où les familles se contentent chacune de faire son propre nettoyage. En outre, ces femmes préparent leurs produits de première nécessité pour le ramadan. A savoir les épices h'rour, les confitures et les légumes conservés selon la saison dans des terrines ou des bocaux dans de l'huile ou du vinaigre. «On prépare du piment rouge et du piment fort conservés au frigo sous forme de plaquettes. Avant, on les conservait dans des bocaux dans de l'huile, faute de réfrigérateur afin qu'ils ne moisissent pas», nous dit khalti Khdaoudj Ziar, issue d'une famille conservatrice de Koléa depuis plusieurs générations. «Koléa en tant que ville agricole, permettait aux familles d'exploiter les semences moulues par les femmes chez elles (le blé) pour la préparation de leur farine, semoule, couscous et la rouina». «Chaque maison avait au moins son propre citronnier, ou néflier, raison pour laquelle la confiture se préparait à volonté et se conservait dans des jarres en terre cuite ou en bois», reprend-elle. Pour sa part, Nabila, âgé de 28 ans, se dit fière de suivre les traditions d'antan de sa grand-mère paternelle. «Mes tantes préservent à ce jour leurs traditions et bien que ma mère soit d'origine kabyle, elle suit intégralement ces traditions qu'elle a héritées de ma grand-mère, ses enfants aussi. D'ailleurs, j'ai suivi les mêmes étapes d'antan et j'ai suspendu de l'ail et les oignons en tresse», nous dit-elle. L'oignon et l'ail sont généralement accrochés dans la cour de la maison wast eddar des poutres dit k'rina. Les familles de Koléa avaient des chambres spécialement conçues pour le stock d'aliments bite el-aoula pour ramadan et pour toute l'année. El hadja Kheira est spécialisée dans l'extraction de l'eau de fleur d'oranger taqtir ez'har hérité de sa famille depuis plusieurs générations grâce à un matériel traditionnel qui date de plusieurs années. «Cette pratique courante à Koléa a fortement diminué ou a pratiquement disparu. Avant, les Koléaciens faisaient de l'agriculture et donc les pépinières de fleurs ne manquaient jamais. Mais actuellement, on les compte sur les doigts de la main», se désole-t-elle.