Résumé de la 1re partie n Qui peut bien se douter que parmi ces 3 êtres – Constance, Clara et Vincent – il y a un assassin... ? L'homme, un peu mal à l'aise et qui s'attend à une scène, essaie de retarder le moment fatidique : «C'est fait ? Tu as emménagé ? — Oui. — Pourquoi ne m'as-tu pas appelé ? Je t'aurais aidée. — C'était inutile, j'ai demandé à Clara. — Clara, tiens ! Et pourquoi Clara ? — C'est une très bonne amie. — Tu crois ? — J'en suis sûre. D'ailleurs, elle va venir habiter avec moi pendant quelque temps.» Cette fois, le beau Vincent reste songeur. Il y a dans tout cela quelque chose de louche. «Qu'est-ce qui ne va pas ? demande-t-il enfin. — Vincent, tu me trompes !» Vincent n'avoue rien, mais entame sa défense avec volubilité, un petit discours digne de celui du serpent lorsqu'il parvint à corrompre Eve dans les jardins de l'Eden. Mais Constance n'est pas Eve : elle a moins de candeur et plus de principes. Malgré le choc qu'elle vient d'éprouver, elle continuera à considérer Vincent comme l'homme de sa vie, à condition qu'il le soit au sens littéral du mot, c'est-à-dire qu'il commence par la conduire devant le maire et le curé. C'est à prendre ou à laisser. Dans les semaines qui suivent, Vincent essaie de lutter honnêtement contre l'envie qui le tenaille d'accepter la condition posée par Constance. Le meilleur moyen de lutter n'est-il pas de fréquenter d'autres femmes ? Mais il prend bien soin de n'en rien laisser deviner à la jeune femme. Hélas ! Constance Bozzi devenant sans cesse plus jolie et plus désirable, Vincent se sent bientôt à bout de résistance. «Tu crois qu'un homme peut épouser une femme de vingt ans plus jeune que lui ? demande-t-il à un ami. — Pourquoi pas ?» L'impression que Constance arrive au terme de la patience qui lui permet de supporter ses tergiversations le décide enfin, et, au début du printemps, Vincent Perino se fiance à une Constance Bozzi rayonnante de bonheur. Ce ne sont toutefois que des fiançailles officieuses, les accordailles publiques ne devant précéder que de quelques semaines un mariage prévu pour l'été. De sorte que Vincent pense encore avoir quelque temps devant lui avant de renoncer totalement à sa liberté. Pour ceux qui comprennent entre les lignes, c'est là que le drame commence. La liberté de l'un devant normalement s'arrêter là où commence celle de l'autre. Constance a toujours les mêmes principes sur le même sujet : «Vincent, tu me trompes ! — Quoi !... Comment ? — Oui. «On» me l'a dit... «On» t'a vu avec une femme. — Quelle femme ? — Une rousse. — C'est tout ? — Comment, c'est tout !...» Tandis que Constance vide son sac, le coupable se rassure. Si quelques ragots sont venus jusqu'à elle, ses reproches, pour brûlants qu'ils soient, demeurent plutôt vagues. Elle ne sait en définitive rien de précis. Tranquillisé sur ce point, il ne perd pas une seconde pour contre-attaquer. Tour à tour tendre, câlin ou affectant l'indignation devant «l'injustice dont il est victime», il jure être innocent et il n'en tire bien sûr aucune fierté, attendu qu'il ne ressent plus le moindre intérêt pour toute autre femme que Constance. A suivre Pierre Bellemare