Crainte n L'hésitation des entreprises à opter pour la normalisation, en dépit du coût négligeable d'une telle démarche, laisse planer des doutes sur la qualité d'une grande partie des produits nationaux. La normalisation d'un produit est une démarche qui dépend de la volonté de l'entreprise. Il n'y a, en effet, aucune loi qui y contraindrait les investisseurs. «C'est aux responsables des entreprises de se rapprocher de nous pour soumettre leurs produits à l'analyse dans les laboratoires mis en place à cet effet. Si le produit répond aux normes, il sera accrédité d'une certification. Le management de l'entreprise est aussi pris en considération à cet effet», a expliqué le directeur général de l'Institut algérien de normalisation (Ianor). En contrepartie du soutien financier, les pouvoirs publics n'exigent des investisseurs, que l'augmentation de la production et la création de nouveaux postes d'emploi. Si l'on se réfère au chiffre avancé par M. Aïssaoui, à savoir que seuls 110 produits nationaux sont certifiés, on comprend vite que la majeure partie des produits nationaux mis sur le marché ne sont pas certifiés, et donc ne répondent pas aux normes. Une question pertinente se pose : ces produits sont-ils bons à la consommation ? «L'Ianor n'est pas responsable des produits fabriqués localement, ou même importés, non certifiés et qui sont écoulés sur le marché national. Chaque entreprise a une responsabilité civile et pénale concernant ses produits», répond M. Aïssaoui. C'est alors aux services de contrôle de la qualité dépendant du ministère du Commerce de veiller à ce que des produits contrefaits ou préjudiciables à la santé publique ne soient pas proposés à la vente. Périodiquement, les services des douanes ainsi que les agents de contrôle de la qualité saisissent des produits impropres à la consommation. Mais est-ce suffisant, notamment si l'on connaît le rythme auquel fonctionnent ces organismes de contrôle qui n'interviennent, dans la plupart des cas, qu'après que des dégâts sont enregistrés ? Sur ce point, M. Aïssaoui est catégorique : «Ce qui est certain, c'est qu'un produit normalisé par notre organisme est bon à la consommation. Hormis cela, l'Ianor ne peut intervenir dans des missions qui ne sont pas de son ressort». Certaines entreprises dont la qualité des produits est improbable veulent acquérir un certificat de conformité, sans le moindre contrôle dans l'objectif de mieux vendre. Car le certificat de conformité constitue un élément de grande importance dans le marketing. «Un producteur privé de vinaigre a eu l'audace de venir me demander de certifier son produit, sans le soumettre à des analyses. Je lui ai sèchement répondu que l'Ianor ne fait pas du business», relate M. Aïssaoui. Voilà un exemple des agissements indécents de certains producteurs nationaux, dont le seul souci est d'écouler la plus grande quantité possible ! Les pouvoirs publics sont, alors, appelés à renforcer le contrôle, notamment sur les produits de large consommation qui peuvent provoquer des dégâts pour la santé publique. L'obligation des producteurs à soumettre leurs produits à la normalisation serait une bonne décision à prendre. En attendant, les citoyens et les associations des consommateurs doivent aussi jouer pleinement leur rôle…