Les exemples de produits non conformes aux normes de la qualité foisonnent sur les circuits commerciaux, d'autant que, et cela est facile à observer, les produits certifiés sous le label NA (norme algérienne) sont peu nombreux, au moment où à l'Institut algérien de la normalisation (IANOR) on soutient que près de 300 normes sont établies annuellement. Ce qui conduit à dire que les textes de loi en vigueur sont loin d'être appliqués à la lettre. Cela est d'autant plus grave lorsqu'il s'agit de produits touchant, notamment, à la sécurité du consommateur, la santé publique et l'environnement. Du coup, une question s'impose : combien de produits sont certifiés sur le marché algérien ? Selon l'IANOR «à peine une trentaine», dont les produits BCR, classés en tête, suivis de ceux des cimenteries, tous deux portant, en fait, le label NA. Timide activité de normalisation Toujours selon cet organisme de normalisation, ce sont plutôt les producteurs privés qui devancent ceux publics dans la démarche de certification, depuis la mise en place de la norme algérienne à la fin des années 1990. Une telle carence en produits sous l'étiquette NA ne fait que confirmer les appréhensions grandissantes des citoyens quant à la qualité des produits qui envahissent le marché et leur sont proposés. En effet, nous constatons sur le terrain qu'il ne se passe pas un jour sans que l'on trouve sur des étals un nouveau produit totalement dépourvu d'un quelconque label garantissant à l'acheteur sa bonne qualité ou, du moins, le prémunissant contre d'éventuels risques quant à sa consommation ou son utilisation. Les exemples du genre nous viennent de ces boissons et supposés jus de fruits dont certains se résument, désormais, à de l'eau sucrée, aux nombreuses eaux dites minérales, en passant par les pièces détachées automobiles avec des risques de contrefaçon pour ne citer que ces produits courants. Une telle tendance est, soutenue, d'ailleurs, «par une ouverture débridée du marché algérien», témoignent des observateurs. L'impuissance des pouvoirs publics à éradiquer le phénomène ou à réduire sa propagation ne peut s'expliquer devant les graves dangers auxquels des populations entières sont exposées. Du côté de l'IANOR, on est entièrement conscient que les choses ne peuvent plus continuer ainsi et de révéler aussi que «la majorité des projets inscrits au titre du programme national de normalisation relève du domaine d'intérêt général et vise à la protection du consommateur». Au sein de cet organisme, malgré tous les efforts pour faire passer le message du bien-fondé de la démarche qualité que chaque producteur devrait adopter, on déplore que peu d'entreprises s'en soucient, quand ce n'est pas l'indifférence de nombreuses institutions de l'Etat qui continuent à ignorer cette démarche qualité. Rappelons, dans la foulée, que, devant ce désintérêt, une espèce de mémorandum a été conçu par cet organisme et remis au chef de gouvernement, en 2007, dans lequel était consigné l'intérêt qu'il y a pour les entreprises de se conformer à la normalisation et à ses implications dans le processus de production, notamment dans un environnement économique où la compétitivité s'établit en règle de jeu de plus en plus incontournable. La certification pour une meilleure productivité Le bien-fondé et la démarche qualité ne sont plus à démontrer et c'est par cette donne que nos opérateurs peuvent être convaincus de s'inscrire dans une telle démarche et sortir, donc, de la vision étriquée sur la normalisation et la certification au sein de toute activité industrielle. Du côté de la réglementation, tout est clair et, dans ce sens, il est utile de rappeler, en référence aux textes de loi relatifs à ce domaine, que les normes sont érigées en atout gagnant pour les petites et moyennes entreprises. Il faut préciser aussi que le législateur a rendu obligatoire la certification des produits ayant des répercussions sur l'environnement, la sécurité, la santé et le travail, alors que la certification des entreprises au management qualité est facultative et volontaire car elle dépend de la volonté de l'entreprise de se faire valoir comme performante sur le marché. A rappeler également que le secteur de la normalisation est régi par trois décrets exécutifs adoptés en 2005 en application de la loi de juin 2004 mais leur application accuse un grand retard, notamment en matière d'évaluation de la conformité. Un retard que tente de combler le gouvernement par le renforcement du cadre juridique de ce secteur. A cet effet, trois décrets ont été modifiés pour accorder plus d'efficacité aux organismes de normalisation, à l'instar de l'Institut algérien de normalisation et ceux à créer en appoint comme le Conseil national de normalisation (CNN). Faciliter l'accès à la normalisation Pour l'heure, un programme d'aide de l'Etat à la certification de management et à la qualité de l'environnement destiné aux entreprises nationales, se poursuit «normalement», a déclaré dernièrement Hamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, en marge la célébration de la 13e Journée nationale de la normalisation, le 29 décembre dernier. Il a indiqué par la même occasion que 378 entreprises ont déjà reçu leur certification et le prix algérien de la qualité. Un élan qui se poursuivra, selon le ministre, car «l'Etat continuera son effort pour une production nationale conforme aux normes requises et, donc, plus compétitive, dès lors qu'il est admis que la relance de notre économie passe par l'amélioration de sa production». Et de lancer, dans ce sens, que «le gouvernement a mis en place les outils pour plus de compétitivité et c'est aux entreprises de réagir». Enjeu futur : la compétitivité industrielle Il est indéniable et d'autant plus crucial que l'ouverture économique sur les marchés extérieurs va induire des risques majeurs pour des entreprises très peu préparées à soutenir la concurrence étrangère plus performantes et compétitives. Quelques unités industrielles l'ont compris et sont passées à l'action tandis que le gros de la troupe en est encore au stade de l'observation, pour ne pas dire qu'elles restent sceptiques à l'idée d'introduire un nouveau système management, le récusant d'emblée ! Il est évident qu'une entreprise qui ne cherche pas une certification de son activité fait inévitablement l'expérience de dégradations substantielles du rendement de l'actif, de la productivité et des ventes, tandis qu'une entreprise certifiée a, en général, fait en sorte d'éviter de tels phénomènes de déclin et de sous-performance économiques. Une généralisation de la démarche qualité et une certification tous azimuts de la production peuvent permettre au pays de s'imposer sur de nouveaux marchés et bénéficier des avantages du «premier arrivant» sur les marchés mondiaux. Il suffira, pour cela, d'améliorer constamment les produits locaux. Une gageure à la portée de nos industriels. Z. A.