Représentation n Le Théâtre régional d'Oum El-Bouaghi était, hier, l'invité du Théâtre national algérien (TNA) avec sa dernière production : Kef Enmeur. La pièce – un texte et une mise en scène de Djamel Hamouda – aborde la problématique du patrimoine. C'est l'histoire d'un couple, un marin et sa femme, qui s'engage dans un combat contre des pseudo-investisseurs qui projettent de démolir un site naturel à la fois historique et symbolique du paysage des marins. Kef Enmeur est un rocher qui, naturellement, prend la forme d'un tigre. Pour écrire la pièce, le dramaturge s'est inspiré d'un rocher surplombant l'amirauté d'Annaba et qui a la forme d'un lion, d'où son appellation «Kef Esbaâ». Il a remplacé le lion par le tigre. «Kef Esbaâ est un rocher qui surplombe l'amirauté d'Annaba», a-t-il déclaré, et de raconter : «Au début de la colonisation, l'armée française a voulu démolir le site, parce qu'il gênait sa vue depuis l'amirauté, elle a pilonné le lieu, mais elle n'a pas réussi à le détruire. Il est resté intact, gardant jusqu'à présent sa forme.» «Cela m'a inspiré, et si j'ai changé le nom, c'est seulement sur un plan symbolique.» Et d'expliquer : «Le lion a un ‘'défaut'', il ne chasse pas, il s'empare de la proie de la lionne. Il se sert le premier. Tandis que le tigre fait tout lui-même. Il chasse et mange sa part. Il ne touche pas la part des autres, contrairement au lion, qui n'éprouve aucun scrupule à ravir la part des autres de leur gueule.» Interrogé sur la thématique de la pièce, Djamel Hamouda dira : «Il est vrai que mon texte aborde la question du patrimoine et la nécessité de le sauvegarder, mais ça n'a rien à voir avec le mois du patrimoine (du 18 avril au 18 mai)», et de préciser : «Ce n'est qu'une coïncidence. En plus, moi, je ne fais pas dans l'événementiel.» Pour Djamel Hamouda, le patrimoine est quelque chose qui nous appartient et auquel nous appartenons. «C'est une part de nous-mêmes et il est de notre devoir de l'entretenir et de la transmettre aux générations à venir, car c'est notre histoire. Tout ce qui a été laissé par les différents conquérants à travers les différentes époques, nous appartient, c'est l'histoire de l'Algérie qui est racontée dans chaque vestige, dans chaque site, dans chaque pierre. D'où le devoir de chacun de les préserver.» La pièce, en arabe dialectal, a été interprétée avec autant de franchise que d'entrain. Elle dégageait une énergie perceptible dès l'entame du jeu. Ce dernier s'est distingué dans un réalisme pertinent, provoquant vivement l'intérêt du public en l'entraînant manifestement dans des questionnements, la plupart liés à la problématique du patrimoine et son rapport avec la société. Une mise en scène suggestive. Le jeu était animé et dit dans un langage scénique accord, commode et plein de tact. Il y avait une dynamique dans l'expression, une légitimité et une assiduité dans l'interprétation et une vérité dans le sujet. Il y avait également une symbolique dans la manière de présenter les choses. Notons que la pièce sera jouée, ce soir, au même endroit (TNA) et à la même heure (19h).