Après avoir envoyé ses Rafales et ses Mirages, bombarder la Libye, Sarkozy s'en va-t-en guerre en Côte d'Ivoire. L'armée française, depuis deux jours, est directement partie prenante du conflit inter-ivoirien. Elle occupe l'aéroport d'Abidjan, mène des frappes aériennes, ce qui a fait dire à Gbagbo que la France attaque directement la Côte d'Ivoire. C'est ce qu'a indiqué ce mardi matin son porte-parole, Ahoua Don Mello, qui affirme que les «bombardements» de l'ONU et de la France sur des cibles militaires à Abidjan ont fait «beaucoup de morts» car «les militaires habitent avec leurs familles dans les camps» militaires, a-t-il assuré. Un conseiller de Laurent Gbagbo a, pour sa part, accusét la force française Licorne d'agir «comme une armée d'occupation en dehors de tout mandat» de l'ONU. Il a dénoncé les bombardements à Abidjan comme des «actes illégaux» et une «tentative d'assassinat» du Président sortant. La France s'est engagée militairement dans le conflit ivoirien en menant des bombardements aux côtés de l'ONU, faisant fi des accusations du camp Gbagbo. Les troupes françaises ont été autorisées à participer à des actions armées à Abidjan menées par celles de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) afin «de neutraliser les armes lourdes utilisées par le camp Gbagbo contre les populations civiles», a annoncé hier lundi la présidence française. L'état-major des armées a précisé que des hélicoptères des forces françaises engagés dans la journée à Abidjan avaient visé des armes lourdes et des détachements de blindés «utilisés contre la population civile». Depuis plusieurs jours, les autorités françaises n'ont eu de cesse d'affirmer que «les forces françaises n'agissent qu'en soutien de la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire». Dans le même temps, le déploiement militaire français en Côte d'Ivoire a presque doublé. De 900 hommes, il est passé en début de semaine à environ 1 650 hommes. A Abidjan, la force française avait pris dimanche dernier le contrôle de l'aéroport, suppléant l'Onuci. Cette dernière force est composée de quelque 10 000 membres, policiers et militaires. De leurs côtés, les combattants d'Alassane Ouattara, sont passés à nouveau à l'offensive pour réduire les derniers bastions des troupes de Laurent Gbagbo. Ces derniers ont assuré ce mardi matin contrôler toujours à Abidjan le palais présidentiel, la résidence de Gbagbo et le camp militaire d'Agban. Le camp d'Alassane Ouattara avait réclamé durant le week-end une «forte implication de la France» et de l'ONU. «Il y a des accords de défense entre la Côte d'Ivoire et la France, nous pouvons invoquer ces accords. Alassane Ouattara pourrait demander que la France intervienne plus massivement», a déclaré Ally Coulibaly, son ambassadeur à Paris. L'ex-puissance coloniale qui avait réduit ces dernières années sa présence militaire en Côte d'Ivoire, tout en tentant d'y préserver ses intérêts économiques, avait cherché jusqu'à présent à rester à l'écart des combats. Pour justifier sa posture militaire, elle a brandi la nécessité de protéger les ressortissants français et étrangers ainsi que les populations civiles. Le dernier affrontement armé entre la France et les forces de Laurent Gbagbo remonte à novembre 2004.Des heurts entre l'armée française et des manifestants ivoiriens à Abidjan avaient ensuite fait 57 victimes ivoiriennes, précipitant un départ du pays de près de 8 000 ressortissants français. «De nombreux véhicules blindés et des armes lourdes ont été détruits» par les appareils des forces françaises qui sont intervenues, hier, contre les forces pro-Gbagbo dans la capitale économique ivoirienne, a indiqué à Paris le porte-parole de l'état-major des armées. Les hélicoptères de Licorne continuaient ce matin de survoler la ville, comme il le font habituellement, a-t-il précisé. Selon la présidence française, de nombreux pick-ups des forces pro-Gbagbo ont également été détruits et la Radio télévision ivoirienne (RTI) mise hors d'état de fonctionner. Le président Nicolas Sarkozy a fait le point sur la situation en Côte d'Ivoire dans la matinée avec le Premier ministre François Fillon, le ministre des Affaires étrangères, son conseiller diplomatique et son chef d'état-major particulier, selon la même source. Le président français s'est également entretenu par téléphone avec Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale, a précisé l'état-major des armées.