L'histoire de Haïzia est sans doute un élément marquant de la mémoire collective, non seulement des Algériens mais bien au-delà, jusqu'aux frontières de l'Asie et de l'Europe du Nord. Vers 1870, Haïzia, une très belle fille, connut Saïd dans la localité de Sidi-Khaled où habitait sa famille. Une histoire d'amour naît et fera le bonheur des deux jeunes des mois durant. Saïd, le cœur embrasé, demande la main de «la reine», mais la famille de Haïzia en décide autrement, et favorise un caïd de la région. Malgré elle, Haïzia se marie avec ce caïd. Chacun de son côté, le cœur brisé, les deux jeunes passèrent des nuit entières à pleurer leur amour. Après 15 jours au domicile conjugal, Haïzia, le cœur meurtri, rend l'âme, répandant un effroi spectaculaire au sein d'une population avisée dès l'aube de son histoire d'amour avec Saïd. Eploré et anéanti depuis le mariage de sa bien-aimée, Saïd avisé le soir même du malheur, demanda à son informateur, ami et poète Bengaïtoune de lui composer quelques vers sur la tragédie qui venait de se produire et passera toute la nuit, cœur et tête ébranlés, devant la cour de la mosquée de Sidi-Khaled. Bengaïtoune a écrit toute la nuit, et le lendemain «La merveille Haïzia» était prêt. Saïd rejoindra sa bien-aimée trois mois plus tard. Une tragédie romantique que de nombreux chanteurs ont reprise, à commencer par Khelifi Ahmed, dans les années 70, puis Hamid Abbabsa et Rabah Deriassa. Ci-après un extrait traduit par C. Sonneck (1902) de «La merveille Haïzia» : «Amis, consolez-moi ; je viens de perdre la reine des belles. Elle repose sous terre. Un feu ardent brûle en moi ! Ma souffrance est extrême. Mon cœur s'en est allé, avec la svelte Hiziya. Hélas ! Plus jamais je ne jouirai de sa compagnie. Finis les doux moments, où comme au printemps, les fleurs des prairies, nous étions heureux. Que la vie avait pour nous de douceurs ! Telle une ombre, la jeune gazelle a disparu, en dépit de moi !»