Une semaine après avoir subi une intervention chirurgicale, Bouachrine, âgé de 37 ans, est rentré chez lui. Il a donné un rein à son frère de 35 ans. Après quinze mois de souffrance et trois séances d'hémodialyse par semaine, Bouachrine, habitant à Bijaïa, a pu enfin retrouver une vie sereine grâce à cette intervention, une première à Oran. « Je faisais mes séances d'hémodialyse à Alger et c'était très fatigant ». Il fait savoir qu'il est soulagé à l'idée de savoir qu'il ne va plus être dialysé. Et de continuer : « Je ne remercierai jamais assez toute l'équipe du service d'urologie, tous corps confondus, pour leur soutien moral et leur prise en charge. Je pense que je ne pouvais pas avoir une meilleure prise en charge ailleurs ». Sa mère, qui était à ses chevets, remercie également toutes les personnes qui ont aidé son fils à s'en sortir. Même chose pour Haïzia, âgée de 27 ans, qui a, le même jour, donné son rein à sa sœur de 31 ans. Elle se sent bien et la fonction rénale de sa sœur s'est vite rétablie. Ces deux premières expériences de la greffe rénale augurent d'une nouvelle ère pour la médecine, notamment pour les dialysés. Cette première expérience s'est passée vendredi dernier au service d'urologie du CHU. Le professeur Sarramon Jean-Pierre, de Toulouse, qui pratique cette chirurgie depuis 20 ans, était présent pour un soutien psychologique. C'est en septembre 2005 que la décision a été prise d'entamer la transplantation rénale au CHU d'Oran. Après un tri des malades en attente et un bilan approfondi, deux cas étaient prêts pour cette intervention. Le professeur Attar nous fait savoir qu'outre la préparation des malades où des donneurs qui doivent être en excellente santé, il fallait réunir un certain nombre de conditions, à savoir le concours de plusieurs spécialités comme l'urologie, la néphrologie, la toxicologie, la réanimation, la radiologie, l'immunologie, l'anatomo-pathologie et la biochimie. A présent, il est question de faire tout un programme pour prendre en charge tous les malades en attente. Pour le moment, 15 malades sont en attente. On prévoit, nous dit le professeur Attar, une greffe rénale, tous les 15/20 jours pour arriver à une moyenne annuelle de 25 à 30 malades par an. Mais, tout cela demande bien évidemment des moyens supplémentaires pour le service d'urologie, tant en terme d'équipements qu'en celui de moyens humains, surtout quand on sait que ce service fonctionne avec quatre maîtres-assistants seulement, pour des interventions (à part la greffe rénale) de 30 à 40 malades par semaine. Doter ce service de moyens supplémentaires reviendrait sûrement moins cher à la caisse de sécurité sociale, sachant qu'un transfert à l'étranger pour une transplantation rénale peut coûter jusqu'à un milliard de centimes.