Visite n Les deux femmes prennent place au salon. Elles sont venues voir les filles de Fatima. Dès que la sonnette retentit, les deux filles s'enfuient dans la cuisine. — Ce sont elles ! «Elles», ce sont deux femmes, auxquelles leur mère, Fatima, ouvre la porte. — Bonjour, bienvenue chez nous ! Elle les embrasse, puis les conduit au salon. — Bienvenue, bienvenue, continue Fatima… L'une des deux femmes – la plus âgée et plutôt grosse – se déplace en se dandinant ; l'autre, plutôt maigre et surtout plus jeune, la suit. — Mais prenez donc place ! dit Fatima, souriante. La deuxième femme lui tend une boîte de pâtisserie. — Il ne fallait pas vous déranger ! — Pourquoi ? dit la grosse femme, c'est de bon augure d'apporter des choses sucrées… — Que l'augure soit bon pour nous et pour vous ! dit Fatima. —Inch'Allah, inch'Allah, dit la femme. Fatima sourit de nouveau. — Si vous me disiez vos noms… — Moi, c'est Zohra, dit la grosse femme, et voici ma fille Malika… — Ah, ce sont de beaux prénoms… Moi, c'est Fatima ! — Ah, Fatima, c'est le nom de la fille de notre Prophète… — Vous m'honorez, dit Fatima. Zohra est essoufflée. Elle est toute rouge pour avoir monté les six étages qui mènent à l'appartement. — Ah, qu'il fait chaud ! dit-elle. — Je vais ouvrir les fenêtres, dit Fatima. Elle ouvre les fenêtres des balcons. — Ce qu'il faut, dit Zohra, c'est un climatiseur… Tu sais, brave femme, moi, je ne l'éteins jamais en cette période ! — C'est vrai, dit Fatima, nous n'allons pas tarder à en installer un. — Il en faudrait un dans chaque pièce de la maison ! — bien sûr, mais dans un premier temps, un au salon suffira… — C'est vrai, c'est au salon qu'on reçoit les gens ! La conversion est partie sur la chaleur de l'été, les climatiseurs, puis la climatisation des voitures (celle du fils de Zohra en est, bien sûr, pourvue). Sa fille, Malika, comme pour la rappeler à l'ordre, la pousse du coude. — Oui, dit Zohra, nous avons entendu dire que vous avez deux jeunes femmes à marier ! — Oui, exactement, dit Fatima ! — alors ma fille et moi nous voudrions les voir ! Peut-être que l'une d'elles conviendrait à notre fils Zoheir ! Fatima, toujours souriante, propose des rafraîchissements, façon de dire qu'elle va leur présenter ses filles. — Volontiers, dit Zohra, il fait vraiment chaud, ici ! (A suivre...)