Rencontre n Tandis qu'il déambule, accompagné de quelques hommes, il est frappé par la beauté d'une jeune femme, qui se rendait sans doute au hammam, avec deux autres jeunes filles. L'histoire de Aïchounèche, la reine de Touggourt, emprunte beaucoup à la légende, même si certains auteurs affirment qu'elle a bien existée. Mais en fait les exploits qu'on lui prête ont été également rapportés à propos d'autres personnages ou d'autre situations. Ainsi, le stratagème qui consiste à remplir des couffins de poudre, en les cachant sous une couche de couscous, a déjà été utilisé, dans d'autres récits. Et puis, il n'a pas manqué, dans l'histoire de l'Algérie des femmes, reines ou pas, qui ont su triompher de la rudesse et de la force. D'ailleurs, quand on évoque l'histoire de Aïchounèche, c'est toujours pour magnifier la supériorité de l'intelligence sur la brutalité. «Voyez, dit-on, comme cette femme, pourtant de constitution faible, a su berner un roi aussi puissant et sauver l'indépendance de son royaume !» Il est vrai aussi que certaines personnes mettent, non pas sur le compte de l'intelligence, mais de la fourberie des femmes les exploits de cette reine de légende. Mais revenons maintenant à la légende de cette reine. En ce temps-là – on ne sait pas exactement à quelle époque – Touggourt était une ville importante et elle commandait à toute la région de l'oued R'hir. Elle était sous l'autorité de la tribu des Djellaba qui commandait différents ksour. La tribu était puissante mais elle était déchirée par des rivalités : ainsi, le prince de Touggourt et celui de Témacine étaient cousins mais ils se détestaient et chacun cherchait l'occasion de nuire à l'autre. — un jour, j'envahirai son royaume, je le tuerai et j'annexerai Témacine à Touggourt — je n'aurai de cesse de me battre tant que je n'aurai pas pris Témacine pour l'annexer à Touggourt. Evidemment, je le tuerai lui et ses enfants ! Mais officiellement, pour éviter la guerre, ils tentaient de maintenir des relations correctes, en évitant les discussions qui fâchent. Un jour, le prince de Touggourt – appelons-le Ahmed –, se rend incognito à Témacine pour espionner son cousin. Tandis qu'il déambule, accompagné de quelques hommes, il est frappé par la beauté d'une jeune femme qui se rendait sans doute au hammam, avec deux autres jeunes filles. Elle avait mis sur sa tête un voile mais celui-ci ne la dissimulait que partiellement : Ahmed peut ainsi contempler son aimable visage et son regard rencontre le sien. Il ne peut s'empêcher de lui parler. — dis-moi : ‘'Qui es-tu ?'' Mais la jeune fille détourne la tête et poursuit son chemin. Ici, les filles bien élevées ne parlent pas avec les étrangers. — qui est cette jeune fille ? demande-t-il à ses compagnons, — nous sommes comme toi, lui disent les jeunes hommes, nous l'ignorons ! Le prince ordonne ! — allez donc vous renseigner auprès des passants ! Je veux avoir le plus d'information sur cette jeune personne ! Les deux hommes obéissent. Ils reviennent quelques instants plus tard et s'approchent du prince qui les attendaient avec impatience. — Alors ? demande-t-il. (A suivre...)