Façade n De l'extérieur, l'hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine semble bien entretenu et tout avoir pour offrir des soins de qualité. «Yali chbab men berra, wech halek men dakhel...» (Les apparences sont souvent trompeuses). C'est ce qui nous vient à l'esprit en faisant une petite visite dans les différents services du centre hospitalo-universitaire Mohamed-Lamine-Debaghine de Bab El-Oued (ex-Maillot). A première vue, l'hôpital est propre car, certains services ont été récemment rénovés. A l'intérieur, les lieux donnent l'impression d'être bien entretenus. Les espaces verts occupent une grande place. A l'entrée, il y a même un magnifique téléviseur. Le service des urgences de ce grand hôpital de la capitale est relativement propre, contrairement à celui de l'hôpital Mustapha, mais «le matériel utilisé date des années… 1980», nous dit-on. «Si l'on fait une comparaison avec celui de Mustapha, il faut dire que l'hôpital de Bab El-Oued est assez propre», avons-nous dit à un médecin. «Vous n'avez encore rien vu. C'est la politique de façade», répond-il. Effectivement, tout ce beau décor qui s'offre à nos yeux à l'entrée de cet hôpital ne reflète pas la réalité de cette structure hospitalière, qui accueille des patients venus des quatre coins du pays. Au fur et à mesure que nous avançons dans l'enceinte du CHU, un autre décor et une autre réalité nous interpellent. Des bâtisses de plus en plus dégradées, un matériel défectueux et complètement rouillé, une hygiène qui laisse à désirer, et bien sûr les incontournables bestioles qui ont élu domicile dans les coins et recoins de certains services. Le comble, c'est que même la réanimation ou les blocs opératoires, des services censés être complètement désinfectés et stérilisés sont dans un état lamentable. C'est tellement infect et pourri que, dans certains services, nous avons du mal à respirer. «Il faut retenir votre souffle quand vous y entrez !», nous dit un médecin. Et bien sûr, comme il fallait s'y attendre, les rats et les cafards circulent le plus normalement du monde. «Il y a des cafards partout. Je ne peux pas rester dans ce bureau», nous fait savoir une infirmière. «Il y a même un rat qui marchait sur le corps d'un malade», témoigne un médecin. No comment ! En poursuivant notre visite à l'hôpital de Bab El-Oued, nous avons aperçu… un chat sortant par la fenêtre d'une salle de soins ! Dans un autre service de cette structure hospitalière nous avons trouvé plusieurs appareils, qui coûtent des fortunes, complètement à l'abandon. «Ils sont en panne», nous dit-on. Un manque flagrant de matériel médical et de produits pharmaceutiques a été également signalé. Un médecin a, tout de même, reconnu que «le directeur a changé pas mal de choses depuis son arrivée». L'hôpital connaît toujours des travaux de réhabilitation, avons-nous constaté. B. M.