Opposition n La Chambre des représentants américaine a infligé un revers au Président américain Barack Obama en rejetant un texte qui autorisait l'intervention militaire en Libye. Dominée par l'opposition républicaine, la chambre a rejeté par 295 voix contre 123 le texte dont l'administration s'est jusqu'à présent passée au grand dam de parlementaires des deux bords. La Maison-Blanche a aussitôt fait part de sa déception, même si le vote n'a aucune chance de mettre un terme aux bombardements américains en Libye, qui durent depuis plus de trois mois. «Nous sommes déçus par ce vote. Nous pensons que ce n'est pas le moment d'envoyer un tel message confus» quant aux intentions des Etats-Unis, a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney. «Le destin du colonel Kadhafi est scellé. Ce n'est pas le moment de lâcher», a-t-il dit. C'est la première fois que la Chambre refuse une action militaire depuis avril 1999, lorsqu'elle avait voté contre l'intervention du président Bill Clinton au Kosovo. La loi oblige, en principe, l'Administration à demander l'autorisation du Congrès pour engager des «hostilités» à l'étranger. Mais l'Administration Obama a fait valoir qu'elle se contentait de soutenir l'action de l'OTAN de façon limitée et que la notion «d'hostilités» ne s'appliquait, donc, pas à l'intervention en Libye. Pas convaincus par cette argumentation, 70 alliés démocrates du président Obama ont rompu les rangs pour voter avec les républicains. «N'avons-nous pas déjà suffisamment de guerres sur les bras ?», s'est interrogé le démocrate Dennis Kucinich, qui a pris la tête de l'opposition à la guerre. «Cette guerre nous détourne des vrais problèmes. Notre économie défaillante exige l'attention totale du Congrès et du président.» La colère des parlementaires américains a fait les délices du colonel Mouammar Kadhafi, qui leur a adressé il y a deux semaines une lettre dans laquelle il louait leur «sagesse de discuter de ces problèmes». Plus de quatre mois après la naissance d'une révolte transformée en conflit armé et alors que des bavures ont entaché la campagne de l'OTAN, le leader libyen répète à l'envi qu'il ne se soumettra pas, assurant encore mercredi dernier que «la bataille se poursuivra jusqu'à l'au-delà». Néanmoins, des responsables américains cités hier vendredi par le Wall Street Journal ont affirmé que le colonel Kadhafi «envisage sérieusement» de quitter la capitale libyenne à la suite des raids aériens de l'Otan. Les renseignements obtenus par Washington montrent que le dirigeant libyen «ne se sent plus en sécurité» dans la capitale, indique un haut responsable de la sécurité nationale américaine cité par le quotidien. Les responsables ne pensent pas que ce déplacement soit imminent et estiment que Kadhafi ne quittera pas son pays. Il disposerait de nombreuses résidences sûres et d'autres installations dans, et à l'extérieur de la capitale. L'opposition libyenne, de son côté, se montre ouverte à l'idée de voir le dirigeant, au pouvoir depuis 42 ans, rester au pays s'il accepte de quitter le pouvoir, selon Mahmoud Shammam, porte-parole du Conseil national de transition (CNT, direction politique de la rébellion).