On le dit fini mais il a toujours des capacités de nuisance et, plus est encore, il sème le désordre au sein de l'OTAN qui pourtant bombarde Tripoli sans discontinuité depuis trois mois. Etats-Unis, Grande-Bretagne, Italie, France… la Libye de Kadhafi mobilise les Parlements des pays de l'OTAN. Au moment où l'insurrection gagne du terrain et prend l'ascendant sur les troupes loyales à Kadhafi, tandis que les raids aériens de la coalition se multiplient sur Tripoli et d'autres villes du pays, alors même que des rumeurs de contacts directs entre les insurgés et les officiels libyens se font pressantes, Les opérations en Libye mobilisent les Parlements des pays de l'OTAN, parfois sur fond de vives tensions comme aux Etats-Unis. Le Congrès américain n'a, semble-t-il, pas digéré le fait que le président Obama n'ait pas sollicité le feu vert des parlementaires avant d'engager l'armée et ses moyens dans les opérations en Libye. La polémique tourne autour d'une loi de 1973 sur les pouvoirs de guerre qui limite les prérogatives du président en cas d'opérations militaires à l'étranger. Conformément à cette loi, le locataire de la Maison-Blanche peut, certes, se passer de l'autorisation du Congrès, mais il est alors tenu de procéder au retrait des troupes engagées au bout de 60 jours d'opération, retrait qui doit être total et effectif 30 jours après. Au total, l'engagement des troupes américaines à l'étranger ne doit pas excéder légalement plus de 90 jours sans l'aval des deux Chambres parlementaires. Ce délai sera consommé demain et un bras de fer est engagé entre républicains et démocrates sur le sujet. Le 3 juin dernier, déjà, le président Obama a été sommé de s'expliquer sous 14 jours sur l'engagement de l'armée américaine en Libye. Un document a été élaboré à cet effet par l'Administration et transmis au Congrès mercredi. Concomitamment, un groupe de parlementaires, parmi lesquels des démocrates et des républicains, estimant que Barack Obama et son administration ont outrepassé leurs prérogatives, ont porté l'affaire devant la justice. Mardi, la Chambre des représentants où les républicains détiennent la majorité a voté un amendement visant à interdire l'utilisation de fonds pour les opérations militaires en Libye, même si l'amendement a de fortes chances d'être rejeté par le Sénat où les démocrates sont majoritaires. La ligne de défense du président américain consiste à affirmer que des opérations militaires limitées comme celles entreprises en Libye, où l'armée américaine sert d'appoint aux forces de l'OTAN, ne correspondent pas à des hostilités telles que définies par la loi de 1973. Deux grandes pointures du Congrès ont cependant volé au secours d'Obama dans cette affaire. Les deux sénateurs John Kerry et John McCain, l'un démocrate et l'autre républicain, tous deux candidats malheureux à la magistrature suprême, ont modifié une résolution qu'ils avaient déjà présentée fin mai, pour y inclure un passage autorisant explicitement les opérations en Libye, qualifiées d'activités limitées. En Grande-Bretagne l'autorisation de prolonger les opérations jusqu'en septembre est déjà acquise, alors que le gouvernement canadien a fait approuver par le Parlement, mardi, la prolongation de trois mois pour l'implication de son armée en Libye. L'Espagne, dont la participation se limite à faire respecter la zone d'exclusion aérienne a déjà obtenu de son Parlement une prolongation de deux mois et compte demander à ce que l'autorisation soit prolongée indéfiniment. A contrario, la Norvège, qui participe sur le terrain avec six avions F16, a d'ores et déjà décidé de se retirer le 1er août. En Italie, le sujet divise et le débat a été houleux. Les députés se sont néanmoins mis d'accord sur le principe “d'une guerre à durée déterminée”, sans plus de précision. Ils ont aussi voté une motion exigeant une date butoir au conflit en Libye, dans laquelle ils excluent toute forme de participation de l'Italie dans des opérations au sol. En France, depuis la révision constitutionnelle de 2008, l'intervention extérieure de l'armée est encadrée par l'article 35. En particulier, “lorsque la durée de l'intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l'autorisation du Parlement”. Une session devra donc être organisée avant le 19 juillet et les débats s'annoncent d'ores et déjà très chauds.