Constat n La source de la crise a été identifiée depuis longtemps, mais une solution définitive tarde à voir le jour. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, a affirmé, hier, que la pénurie de médicaments était «fabriquée» par les distributeurs. «Aucun opérateur ne peut faire pression sur moi», a-t-il indiqué affirmant qu'il agissait dans l'intérêt général. «Aucun Etat dans le monde n'importe, en terme de coûts (plus de 2 milliards de dollars) de médicaments autant que l'Algérie», a-t-il ajouté. Le ministre est, semble-t-il, convaincu de la source du problème, puisqu'il l'a affirmé à plusieurs reprises. «Il n'y a pas de pénurie de médicaments ni de vaccins... Le problème réside en une mauvaise gestion de la distribution, laquelle est devenue une habitude fâcheuse enregistrée au niveau des établissements hospitaliers», avait-il déclaré le 6 juin lors d'une rencontre avec 15 associations relevant du secteur. Des quantités importantes sont importées, mais les patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques, souffrent le martyre pour se procurer le remède dont dépend, parfois, leur survie. Les plus chanceux obtiennent des médicaments grâce à des connaissances, alors que l'écrasante majorité meurt en silence. Et ce n'est pas seulement le ministre de la Santé qui pointe un doigt accusateur sur les distributeurs. Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) a le même avis sur la question. Dans un entretien qu'il nous a accordé récemment (édition du 3 juillet, dossier du jour), le président du Snapo, Messaoud Belambri, a tiré à boulets rouges sur «les lobbys qui imposent leur diktat sur le marché national du médicament». Déplorant la rupture de stocks qui ne cesse de s'allonger chaque jour, il a indiqué que «certains grands distributeurs ont une mainmise sur le marché, et provoquent ou aggravent les ruptures ; ils agissent par anticipation en accaparant les stocks de fin de série. D'autres importateurs, disposant de leurs propres grossisteries, ne livrent leurs produits à aucun autre grossiste et se livrent aussi à la vente concomitante». La situation devient, selon lui, de plus en plus intenable et les pharmaciens d'officine n'arrivent même plus à prendre en charge de manière convenable les assurés sociaux et autres malades chroniques dans le cadre du tiers payant. M. Belambri a proposé une solution pour en finir avec cette crise et mettre un terme à la domination des lobbys. «Nous proposons de permettre aux pharmaciens d'importer directement le médicament, comme cela se fait dans de nombreux pays d'Afrique. On va, alors, en finir définitivement avec les lobbys, les monopoles et les chantages qui se font actuellement dans tous les sens», avait insisté notre interlocuteur. Reste à connaître les décisions à prendre prochainement à cet effet. Hier, le ministre de la Santé a déclaré qu'il allait revoir les textes de l'Agence nationale des médicaments qui devait être créée cette année ajoutant qu'il prendra le temps qu'il faut pour mettre en place les conditions adéquates à cette agence. En attendant cela, les malades continuent de vivre le calvaire… Solutés massifs : La solution émiratie La Pharmacie centrale des hôpitaux et la firme émiratie d'industrie pharmaceutique (Jalfar) ont signé hier un accord de partenariat dans le domaine de la production des solutés massifs. L'Algérie sera, en vertu de cet accord, en mesure de produire les solutés massifs de type 8 et 10% qu'elle importait à ce jour ainsi que le transfert du savoir en matière de biotechnologie. La production des solutés massifs par la Pharmacie centrale commencera la fin de l'année, a indiqué le ministre de la Santé, précisant que le coût de ce projet qui se réalisera en deux étapes est de 26 millions de dollars (15 millions USD pour la première et 11 millions USD pour la deuxième étape). La société Jalfar procédera à la formation d'une équipe algérienne dans la prise en charge de l'insuffisance rénale et du diabète, a déclaré le responsable de cette firme ajoutant que le partenariat en matière de production de solutés massives «n'est que le début d'un programme de coopération ambitieux».