Acte n Une explosion s'est produite, hier, sur un gazoduc dans la région de Zaghouan, au nord-est de la Tunisie. Le Conseil des ministres tunisien enregistre la «gravité» du sabotage de ce gazoduc reliant l'Algérie à l'Italie via la Tunisie et dénonce cet «acte criminel». Présidé par Foued Mebazaa, président de la République par intérim, le Conseil des ministres a appelé «toutes les parties» politiques et sociales et les médias à assumer leurs responsabilités, avec l'armée et les forces de sécurité, dans la lutte contre les actes criminels et leurs instigateurs, a indiqué le porte-parole du Conseil des ministres. L'Algérie approvisionne l'Italie en gaz naturel depuis 1983 à travers trois gazoducs Transmed reliant l'Algérie à la Sicile en Italie via la Tunisie sur 775 kilomètres. Le ministère tunisien de l'Intérieur avait annoncé qu'une explosion s'était produite, hier, sur un gazoduc algéro-italien traversant la Tunisie, sans faire de dégâts humains et matériels. «L'explosion qui pourrait probablement être un acte de sabotage», selon un communiqué du ministère, a eu lieu au niveau du village de Bouachira dans le gouvernorat de Zeghouan vers 14h 30 locales. La même source a, par ailleurs, ajouté que des recherches se poursuivaient «à un rythme accéléré» pour identifier les commanditaires de cet acte et les arrêter. L'incident intervient dans un contexte tendu en Tunisie, après plusieurs manifestations et attaques de postes de police dans plusieurs régions du pays faisant un mort et plusieurs blessés. Les manifestants réclament notamment le départ des ministres de la Justice et de l'Intérieur et les symboles de l'ancien régime, tout en protestant également contre la cherté de la vie et le chômage. Le discours à la Nation prononcé, lundi dernier, par le Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi, après les violences qui ont secoué la Tunisie ces derniers jours, a suscité lui aussi des divergences de vues au sein de la classe politique. Répondant aux accusations contenues dans le discours du Premier ministre, le président d'Ennahda, un courant islamiste, Rached Ghannouchi, a souligné que sa formation politique «dénonce la violence d'où qu'elle vienne». Il a également démenti toute volonté de déstabilisation du pays et assuré le soutien de son parti au processus électoral devant mener à l'élection d'une assemblée constituante, le 23 octobre prochain. «Nous dénonçons la violence ainsi que le comportement non civilisé de l'appareil sécuritaire à l'encontre des manifestants», a-t-il ajouté. «Nous n'essayons pas de ‘'remonter'' les gens contre les agents de sécurité», a-t-il assuré. «Nous voulons que la police soit rassurée, que son rôle soit respecté, et qu'elle sache que le pays a besoin d'elle», a-t-il encore déclaré. «Certains essayent de provoquer les jeunes islamistes et de les entraîner dans la violence dans le but de reporter les élections. Nous les appelons à ne pas réagir à ces provocations», a-t-il déclaré. Ennahda, durement réprimé sous Ben Ali, a été légalisé après la chute du régime le 14 janvier, dernier et apparaît comme un des grands favoris du scrutin prochain.